Me Adrien Houngbédji : « Le Bénin ne peut pas avancer dans ces conditions »

Lors du Sommet de la jeunesse béninoise, Me Adrien Houngbédji, figure emblématique de la politique béninoise et ancien président de l’Assemblée nationale, a livré un discours sans concession sur l’état de la démocratie au Bénin.
Dans une intervention marquée par des appels à la réconciliation nationale, Houngbédji a déploré la persistance de l’exclusion politique et des arrestations controversées : « Aujourd’hui encore, certains compatriotes vivent l’exil politique ou croupissent en prison pour leurs opinions. Le Bénin ne peut pas avancer dans ces conditions. »
Il a insisté sur la nécessité de libérer les détenus politiques, de favoriser le retour des exilés et de revoir le code électoral, qu’il juge instrumentalisé pour écarter des opposants. L’ancien président du Parlement a fustigé les dérives autoritaires, rappelant les fondamentaux d’une démocratie saine : « La démocratie, ce n’est pas éliminer ses adversaires en changeant les règles du jeu. Ce n’est pas choisir qui peut concourir et qui doit rester sur la touche. La démocratie, c’est permettre à toutes les forces politiques de participer librement. » Une critique voilée mais claire de la gouvernance actuelle, qu’il oppose aux pratiques du passé : « J’ai présidé l’Assemblée nationale sous plusieurs présidents, et nous avons toujours trouvé les voies du consensus. Mais depuis 2016, les choses ont pris une autre tournure… »
Un message à la jeunesse : vigilance et engagement
S’adressant aux jeunes, Houngbédji les a exhortés à défendre leurs droits et à exiger un système transparent, soulignant leur rôle crucial dans l’avenir politique du Bénin.
En toile de fond une pression accrue de l’opposition et de la société civile pour une réforme électorale et un dialogue national, dans un contexte où le pouvoir est régulièrement accusé de rétrécissement de l’espace démocratique.
Patrice ADJAHO