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Saline traditionnelle à Avloh et Awlihoué: Les femmes pérennisent la tradition

 Saline traditionnelle à Avloh et Awlihoué: Les femmes pérennisent la tradition

Au Bénin, des femmes de tous âges se battent de jour comme de nuit pour conserver une pratique ancestrale: la saline traditionnelle. Loin de Djègbadji à Ouidah, les femmes travaillent le sable salé à Avloh et à Awlihoué, deux hameaux de Grand-Popo, pour produire traditionnellement le sel, un élément qui donne du goût aux plats dans les villes et villages du Bénin. Sans rechigner, malgré ces temps de pandémie qui ont occasionné une mévente, elles nourrissent l’espoir d’un lendemain meilleur dans une activité qu’elles ont hérité et qu’elles comptent transmettre à leur progéniture.   

Une matinée de ce mois de novembre 2020, une petite pirogue conduite par une dame, sur le fleuve Mono, échoue au village d’Avloh. Là dans cette ilot marécageuse et salée, il y a des femmes braves qui bravent les intempéries, déploient des efforts physiques, font preuve de savoir pour produire du sel de façon traditionnelle. Elles tentent vaille que vaille de pérenniser un héritage ancestral qui se meurt et d’offrir à leurs descendances un avenir malgré les nombreux obstacles auxquels elles font face dans le processus artisanal de production complexe et la vente de produit fini. Dame Adjapkassi  s’apprête à allumer un feu pour la cuisson de sel. Elle ne s’embarrasse pas pour expliquer comment elle prépare le sel. Cette spécialiste indique que la première étape est le ramassage du sable salé.

Une activité prenante…

«Je prends ma petite barque et je vais de l’autre côté de la rive pour chercher du sable salé », renseigne-t-elle. Une fois là-bas, « j’identifie les parties du sol susceptibles de contenir du sel, et avec ma seconde, nous raclons jusqu’à obtenir de petits tas consistants ». Elle poursuit «une fois qu’on a beaucoup de tas, on les met dans des sacs pour les mettre dans la barque ». Elle explique qu’elle reconnait qu’un sol contenant du sel par des petites particules brillantes qui l’émaillent. Arriver à la salinière, le sable ainsi obtenu, est reversé dans un réceptacle. Ce réceptacle est un dispositif ancestral de filtrage traditionnel fait de branchages de palétuviers coupés dans les eaux environnantes. Elle y ajoute de l’eau salée qui coule par un petit raccord d’une dizaine de centimètre et qui part du panier vers un bidon posé juste à côté du réceptacle et fixée en profondeur dans le sol comme pour l’immobiliser. C’est de ce filtra que va naître le sel par le pouvoir du feu.

… épuisante.

Chez Clémentine Kingnontin, le feu est fait et la cuisson bat son plein. C’est avec des bois achetés qu’elle fait son feu. Elle confie qu’avant, elle coupait des palétuviers pour faire le feu. Mais il a eu des séances de sensibilisations où il leur est désormais interdit de couper ces palétuviers. Et donc, pour faire le feu, elle est obligée d’acheter du bois et d’aller chercher des branchages. Elle confie avec une once de tristesse que c’est chaque fois ainsi et qu’elle est seule à faire tout le travail. Ici, à Avloh, il n’y a pas de coopérative ni de regroupement quelconque. Chaque salicultrice travaille seule sans répit. Pour elle, «c’est épuisant de travailler seule en permanence sous le soleil  et d’être constamment au contact du feu ». Elle raconte que souvent, elle tombe gravement malade et dépense énormément dans les soins. C’est donc, une activité dans laquelle, ces femmes rencontrent des difficultés surtout par rapport à leur santé. L’effort physique est important puisse qu’elle doit transporter les sacs de sable dans la barque. Entre la barque et l’endroit où elles ramassent le sable salé, la distance tourne autour de 150 mètres. La mévente Awlihoué, à la salinière des tas de sel sont de part et d’autres couverts de sachets plastiques. Selon dame Kinvi, ces tas de sel sont des invendus. Habituellement, il y a des bonnes dames qui viennent les achetés en gros pour le Togo où d’autres marchés. Mais, depuis quelques mois, la vente n’est plus rapide. Il faut attendre des jours parfois même un mois pour vendre ce qui se vendait entre une semaine au plus. Aussi, le prix auquel elles cèdent le tas de sel n’est souvent pas décent. Et au bout de tant d’efforts, elles se retrouvent avec bien maigre butin. Mais, elles se contentent de cela et sont toutes de même fières d’avoir une activité porteuse de revenu.

Des oubliées…

Ces femmes affrontent l’eau et le feu chaque jour pour produire du sel mais, elles ne bénéficient d’aucune assistance. A Djègbadji à Ouidah, le PNUD est venu en aide aux femmes productrices de sel le 20 juillet 2018 avec des spécimens de cuiseur mixte, alimenté à base de l’énergie solaire ou de la biomasse. Ceci pour accompagner ses femmes dans leurs efforts de minimiser l’utilisation du bois et d’améliorer la qualité du sel produit. Ainsi, l’adoption de nouveaux dispositifs de cuisson permettra aux salicultrices de Djègbadji d’accroitre leur production journalière de sel, tout en contribuant à la sauvegarde de la mangrove et des autres ressources forestières ordinairement utilisées comme principales sources d’énergie. A Avloh et Awlihoué, personne n’a pensé à ces femmes rurales qui pourtant font partie de l’écosystème économique du pays. A travers leur activité, elles nourrissent beaucoup de personnes dans leurs familles.   

Arthur SELO (Coll)

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