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Selon Rachidi Gbadamassi : La vie ne coûte pas cher au Bénin

En tournée dans le département du Borgou, l’ancien député de Parakou, aujourd’hui ministre conseiller, Rachidi Gbadamassi, a rencontré les commerçants et commerçantes de la ville à la salle de conférence de la mairie le samedi 14 mars 2025. À l’occasion, il a fait sa lecture de la situation sociale et économique du pays.
Contrairement au constat largement partagé par les Béninois, il a affirmé que la vie n’était pas chère au Bénin. Il s’agit simplement d’une prétendue cherté de la vie. Néanmoins, il n’a pas manqué d’administrer quelques conseils aux commerçants : “si des individus vous proposent d’acheter une bassine de maïs qui, normalement, coûte environ 6500 F à 15 ou 20 000 F, il est crucial de les signaler immédiatement aux autorités compétentes et de ne pas profiter de cette offre alléchante qui pourrait s’avérer dangereuse”.
Alors que l’inflation pèse sur les ménages et que les prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité ne cessent de grimper, les propos du ministre conseiller ont surpris plus d’un.
Pourtant, les chiffres et les témoignages contredisent cette affirmation. Selon les données de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’inflation au Bénin, bien que relativement maîtrisée par rapport à d’autres pays de la sous-région, reste une préoccupation majeure. De nombreux produits de consommation courante ont vu leurs prix doubler en l’espace de quelques années, rendant la vie de plus en plus difficile pour les ménages à revenu modeste.
Ce n’est pas la première fois que Rachidi Gbadamassi suscite la polémique avec des déclarations sur les conditions de vie des Béninois. En septembre 2020, alors que des voix s’élevaient pour dénoncer la précarité grandissante, il avait affirmé que « le peuple a faim, mais il est heureux », une phrase qui avait provoqué de vives réactions.
Pour ses partisans, ces propos traduisent une volonté de minimiser la gravité de la situation afin d’éviter un climat de pessimisme généralisé. Mais pour ses détracteurs, ils témoignent d’un décalage profond entre des politiciens prêts à tout pour défendre leur position et la réalité du quotidien des citoyens.
Si certaines décisions gouvernementales ont permis de stabiliser certains secteurs économiques, l’impact de l’inflation reste palpable dans les marchés et les foyers. De nombreux Béninois peinent à joindre les deux bouts, et les revendications sur la hausse du coût de la vie se font de plus en plus pressantes.
Face aux propos du ministre conseiller, plusieurs commerçants du marché Arzèkè ont exprimé, en marge de la rencontre, leur étonnement. « Quand on voit le prix du maïs, du riz ou même du savon aujourd’hui, on ne peut pas dire que la vie n’est pas chère », confie une vendeuse sous couvert d’anonymat.
Damien TOLOMISSI