Projet de modification de la constitution au Bénin : Quelles chances de réussite ?

Au-delà du cafouillage suscité par la dénégation de certains députés proches du pouvoir, un nouveau projet de constitution a bel et bien été déposé à l’Assemblée nationale ce 26 janvier 2024. Mais, pour quel résultat lorsqu’on sait qu’il faudra un vote positif de quatre députés sur cinq pour tout changement de loi fondamentale ?

Alors qu’un député de la mouvance affirmait qu’aucun projet de révision de la constitution n’était déposé au secrétariat du Parlement, des sources proches de cette même structure ont confirmé avoir reçu ledit projet de loi. Il y aurait été déposé le vendredi 26 janvier 2024 par l’Honorable Assan Seibou, président du groupe parlementaire du Bloc Républicain soutenant l’action du président de la République et majoritaires à l’Assemblée nationale.

Ce dépôt relance la guéguerre autour de la question de la modification de la constitution au Bénin. Déjà modifiée en 2019 après une première tentative infructueuse, la voilà encore sujette à une relecture, moins de 5 ans avant l’adoption de la nouvelle mouture par les députés de ces mêmes deux partis qui sont encore à la manœuvre. En effet, Louis Vlavonou qui en est le grand maître était déjà président de l’Assemblée nationale lors de la dernière modification. Il aurait pu inclure tout ce que la mouvance désirait d’autant plus qu’il n’y avait aucun opposant au Parlement.

Cette démarche du président du groupe parlementaire du Bloc Républicain sonne dans l’opinion publique comme une tentative de tripatouillage visant à permettre au président de la République de briguer de nouveaux mandats. Il est vrai que celui-ci s’en défend, promettant de combattre toute révision qui toucherait au nombre de mandats qui est à deux et à la limite d’âge. Ces deux dispositions figuraient déjà dans la constitution du 11 décembre 1990 adoptée au lendemain de la Conférence nationale. Mais, c’est peine perdue parce que le président du Parlement a affirmé souhaiter une refonte de tout le système politique lors d’une concertation des président d’institutions avec le ministre de la justice. Un changement qui remettrait à plat tout le système politique du pays. En d’autres termes, le président pourrait à briguer un nouveau mandat quand bien même la nouvelle constitution aurait maintenu les sacro-saintes limitations.

Les partis d’opposition sont mobilisés contre toute retouche de la loi fondamentale mais seuls Les Démocrates peuvent agir par l’intermédiaire de leurs 28 députés. Mathématiquement, ils constituent une minorité de blocage puisqu’il faudra les quatre cinquième (4/5) des députés pour tout changement. Dans le même temps, certains parlementaires de la mouvance assurent en privé être contre l’initiative de leurs camarades et menacent de ne pas suivre leurs camarades.

Si malgré cela les initiateurs du projet continuent de pousser, c’est qu’ils comptent, d’une manière ou d’une autre, convaincre les réticents. Mais comment y parvenir ? Le Bénin est un terrain de théâtre où ont lieu des retournements de vestes spectaculaires. Seulement, l’enjeu est si grand cette fois et la population attend de demander des comptes à ceux en qui elle a placé son espoir.

Pierre MATCHOUDO