Présidentielle 2026 : Ceux qui trahiront Talon

Les signes avant-coureurs de la prochaine trahison de celui qui, ces sept dernières années, a été leur idole sont déjà là. A mesure où la fin de règne approche, le président Patrice Talon verra son cercle de fidèles se restreindre, comme cela fut le cas avec ses prédécesseurs.

L’élection présidentielle de 2026 est à l’horizon. Pour aborder cette échéance cruciale, chaque camp a commencé à affuter ses armes. Du côté de l’opposition, le parti Les Démocrates, le seul qui pour l’heure tient la chandelle, a organisé son congrès ordinaire les 14 et 15 octobre 2023. A l’occasion, les militants ont choisi Yayi Boni, véritable égérie nationale, pour présider aux destinées du parti. Ce choix n’a pas laissé indifférents les tenants du pouvoir.
Pour preuve, des déclarations à l’emporte-pièce pour minimiser l’événement, mais qui cachent mal une certaine nervosité. En effet, si le premier responsable de “Les Démocrates ” ne peut pas se présenter, il a achevé ses deux mandats constitutionnels en avril 2016, il reste que sa capacité de mobilisation est sans égale sur l’échiquier politique national.
Face à l’épouvante que constitue l’opposition, le pouvoir a tout intérêt à mobiliser l’ensemble de ses troupes. Et c’est là que surgissent des difficultés. Tout au long de ses deux mandats, le président Talon a travaillé avec un groupe de cadres très restreint dont un grand nombre fait partie de ses cercles de relations lorsqu’il n’était pas encore président de la République.
Depuis 2016, ils sont donc nombreux à avoir espéré en vain un poste politique ou dans l’administration. « Jusqu’à nouvel ordre, les principaux chevaliers de notre dynamique pour moi resteront en place parce qu’ils me donnent satisfaction », confiait le président Talon le 13 mars 2023 à l’intention de ceux qui le critiquaient pour n’avoir maintenu qu’une poignée de cadres aux postes de responsabilité. Il a conclu ses propos en rappelant qu’on « ne change pas un cheval qui gagne » Il est vrai que, quelques jours après cette déclaration, il a procédé à quelques aménagements.
Ce choix de ne pas rétribuer un grand nombre de leaders d’opinions qui ont mouillé leur maillot pour lui en 2016 est en fait une erreur politique même s’il est motivé par des raisons d’efficacité. Et, cela présage des difficultés à faire élire un successeur pour assurer la poursuite de sa politique. Dans les coulisses, ils sont déjà nombreux à exprimer leur regret de n’avoir pas, à l’époque, voté pour le candidat Lionel Zinsou.
A son arrivée au pouvoir, Patrice Talon a bénéficié d’une ruée d’acteurs politiques, dont certains craignaient des démêlées judiciaires. Comme à leurs habitudes, ceux-là seront de nouveau à l’affût jusqu’à ce que l’issue de l’élection soit quasi-certaine avant de procéder à une volte-face éventuelle.

Pierre MATCHOUDO