Politique au Bénin : FCBE et Les Démocrates contraints à l’union

Face à une loi électorale taillée sur mesure, l’opposition béninoise n’a d’autre choix que de tenter une fusion si elle veut vraiment rassembler toutes ses forces pour figurer dans les instances dirigeantes du pays en 2026.

Adopté dans la nuit du 5 au 6 mars 2024 uniquement par les voix des députés de la majorité présidentielle, la nouvelle version du code électoral a été promulguée par le chef de l’Etat après avoir été déclaré conforme à la constitution malgré les nombreuses contestations dont il est l’objet. Pour l’opposition, cet amendement à la loi électorale est un coup de force visant à assurer la victoire au camp présidentiel quelles que soient les conditions.

Plusieurs dispositions sont pointées du doigt par ces partis de l’opposition et par plusieurs observateurs. Au nombre de celles-ci, les conditions d’obtention d’élus par chaque formation politique. Alors que l’ancienne version avait exigé un suffrage de 10% dans chaque circonscription électorale, ce chiffre a été désormais porté à 20%. Concrètement, un parti qui a fait le plein des voix partout mais n’a pas atteint ce score dans une seule des 24 circonscriptions ne peut prétendre à aucun élu.

Pour se donner les chances, les parlementaires de la mouvance, majoritaires, ont introduit la notion d’accord de gouvernance. Du coup, ils pourront dans tous les cas se donner la main pour échapper à l’épée de Damoclès que constitue le fatidique chiffre de 20%.

Une autre disposition porte sur les parrainages à l’élection présidentielle. Selon ce code, chaque candidat à l’élection présidentielle doit être porté par au moins 15% du collège des parrains provenant de 3/5ème des circonscriptions électorales législatives soit au moins 15 circonscriptions sur les 24.

Pour faire barrage au code, les partis d’opposition ont tenté de taire leurs divisions. Dans une conférence de presse commune, ils en ont relevé les insuffisances et dit leur détermination à faire barrage à la mouvance présidentielle qui, de leur avis, fait tout sauf créer les conditions d’une paix durable.

Seulement, de là à enterrer la hache de guerre, il y a un long chemin. Le parti Les Démocrates (LD) est issu d’une guerre fratricide avec les FCBE au lendemain de l’alternance survenue en 2016. Les leaders et militants des deux formations se connaissent bien. Ils ont ensemble géré le pouvoir pendant une décennie. Mais au lendemain de la présidentielle au cours de laquelle leur candidat n’a pas pu se faire élire, les suspicions ont surgi, les uns accusant les autres de trahison et de collaboration avec l’adversaire. 

L’ancien président Yayi Boni a fini par s’éjecter des FCBE, parti qu’il  a lui-même créé, pour mettre en place Les Démocrates. Depuis, la rancune est bel et bien là quand bien même à de rares occasions les deux formations tiennent le même langage. La politique béninoise a montré, à plusieurs reprises, que le divorce n’est pas toujours la fin d’une relation. Cette fois, les FCBE et les LD sont contraints de fusionner ou alors ils vont courir le risque de tout perdre face à la furie du camp présidentiel. 

Pierre MATCHOUDO