Campagne électorale: Les coupures de cinq cent pour séduire ?

La campagne électorale pour les législatives du 8 janvier 2023 n’a pas été caractérisée par la distribution des gadgets publicitaires à l’effigie des candidats. Il n’y a pas non plus eu de grands mouvements de foule, à l’exception des apparitions de l’ancien président Yayi Boni.

« Il n’y a pas d’argent dans le pays », chantent en cœur les Béninois expliquant pourquoi on n’assiste pas à la distribution publique des billets de banque contrairement aux autres élections surtout d’avant l’ère Patrice Talon. En effet, en dépit des dispositions légales qui interdisent l’achat d’électeurs, les partis avaient l’habitude de procéder à l’injection d’argent liquide dans les meetings, ce qui parfois virait à l’émeute, surtout lorsque ceux qui sont chargés d’en assurer la distribution s’en emparent au détriment des destinataires.

Toutefois malgré l’absence d’achat des électeurs aux vu et au su de tous, le constat empirique sur le terrain est que depuis le début de la campagne, le nombre de billets neuf de 500 francs en circulation sur le marché a connu une augmentation exponentielle. « Beaucoup de clients paient en petites coupures neuves », révèlent plusieurs commerçantes, tenancières des boutiques de vente de produits divers.

Si pour les commerçants cette période est plutôt bénie, du côté des partis politiques en lice, l’on refuse d’admettre que l’argent se distribue. « La loi est stricte, rappellent quelques politiciens interrogés » à cet effet. La campagne se déroule de jour avec des parades et des meetings, mais aussi parfois en marge des rassemblements, avec des porte-à-porte et des rencontres discrètes avec les leaders communautaires.

D’où viennent ces billets craquants et pourquoi leur circulation coïncide avec la campagne électorale ? Peu importe la réponse, ces coupures neuves font la joie des revendeuses, d’habitude réfractaires à « l’argent gâté », c’est-à-dire aux billets sales ou déchirés et aux pièces de monnaie lisses.

Pierre MATCHOUDO