Soja 2023-2024 : Entre incertitudes mondiales et bonnes nouvelles pour le Bénin

La campagne 2023-2024 de Soja risque de grosses perturbations. C’est ce que prévoit un rapport publié le mardi 28 novembre 2023 par AYIHAGRO Conseil. Un cabinet d’audit et de conseils. Le ralentissement de l’économie chinoise et la persistance du conflit russo-ukrainien en sont les principales raisons. Mais le Bénin affiche une bonne perspective.

Pour la nouvelle campagne, la production mondiale est prévue désormais à 348,8 Millions de tonnes (Mn T) contre les 400 millions de tonnes par an, soit un gap de 62Mn T. Les stocks de soja de fin de campagne sont également révisés à la baisse de 17 Mn T à 106 Mn T par rapport à la publication de juillet 2023. Au Brésil (1er producteur et exportateur mondial de soja), « nous révisons légèrement à la baisse la production de 5 Mn T à 155 Mn T en raison des inquiétudes liées à la sécheresse et chaleurs extrêmes sur les plantations de soja. Le pays connait une vague de chaleur inhabituelle et les températures dans les principales régions agricoles ont frôlé les 40°C » lit-on dans le rapport. Ces conditions climatiques pourraient affecter la qualité des récoltes avec le risque de baisse de productivité pour les cultures de soja survivantes. Aux USA, la production est revue en baisse de 8 Mn T à 112 Mn T.

Malgré Une baisse mondiale de la demande….

A cela s’ajoute la baisse mondiale de la demande de soja. Elle est actuellement estimée à 279 Mn T en 2023/24. Ceci représente une forte diminution de 77 Mn T par rapport à notre publication de juillet à la suite d’une forte baisse de la trituration (-70 Mn T) accentuée par la régression des consommations animale et humaine (-7 Mn T). Selon les prévisions de référence, la croissance mondiale va ralentir, passant de 3,5 % en 2022 à 3,0 % en 2023 et 2,9 % en 2024, soit bien moins que la moyenne historique (2000–19) de 3,8 %. Pour cause, une reprise économique mondiale plus faible que prévue observée en Chine et freinée par la crise russo-ukrainienne. Cette situation a pour conséquence le ralentissement de la demande des ménages et donc des consommations animale et humaine. En résumé les importations mondiales reculent de 62 Mn T soit 107 millions de tonnes en 2023-24 donc une baisse de la consommation industrielle et alimentaire de 60 Kilotonnes en les prévisions de juillet et novembre.

.. le Bénin a bonne mine…

Malgré ces gros nuages qui s’amoncellent dans le ciel, le Bénin affiche une bonne mine. Le bilan 2023/24 se montre proche de l’équilibre à la suite de la révision en hausse des exportations et de la production, avec un ratio de stocks sur utilisations prévu à 37 % des utilisations en fin de campagne (contre 39 % en moyenne sur cinq ans). Au niveau de la production par exemple, la tendance est haussière de plus de 40 kilotonnes de production par rapport à la publication précédente indique AYIHAGRO. Une production de 460.000 tonnes avec une surface semée à 270.000 hectares est prévue contre 260.000 hectares en 2022/23. Une croissance soutenue par le « retour à la normale du climat d’affaire (libéralisation de la filière) à la suite de la prise en compte du cri de détresse des producteurs du soja par les autorités » renseigne le rapport publié en novembre 2023. La demande de soja est fortement revue en hausse (+30 kilotonnes (kt) par rapport à la publication de juillet 2023), pour tenir compte de la hausse prévue des exportations. Cela est limité par l’approvisionnement suffisamment élevé de la SIPI en 2022/23 lorsque des mesures urgentes d’implication de la zone industrielle de Glo-Djigbé pour racheter aux producteurs les stocks invendus avaient été prises pour la campagne devant se terminer en juin de la même année. À l’échelle nationale, les stocks de fin de campagne de soja ont été revus fortement en hausse (+39000 tonnes par rapport à la publication de juillet 2023) à la suite de l’augmentation de l’offre nationale. La demande a été revue en hausse, avec l’augmentation des exportations (+90 kilotonnes).

…avec un petit bémol

Le prix mondial à l’exportation du soja a très peu bougé depuis juillet 2023. Cela s’explique par la météo. « Le marché, attend des précipitations au Brésil, devant permettre aux conditions de semis de s’améliorer et du ralentissement des économies des Etats-Unis et de la Chine, faisant craindre une baisse de la demande dans ces pays » > mentionne l’étude de AYIHAGRO. Même si les exportations de graines de soja pour la campagne en cours sont désormais prévues à 120.000 tonnes. Elles restent limitées par la baisse des importations terrestres vers les pays voisins et l’interdiction d’exportation de soja béninois sous forme brute à partir du 1er avril 2024. L’autre menace est le Togo qui affiche de meilleurs prix pour la campagne 2023/24 précise le cabinet.

Arnaud ACAKPO (Coll)