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Réforme dans le secteur de la presse au Bénin : Une épée au-dessus des médias

 Réforme dans le secteur de la presse au Bénin : Une épée au-dessus des médias

Le 12 janvier 2021, à l’occasion de la présentation des vœux par les corps constitués au palais de la République, le président Patrice Talon exprimait en effet sa volonté de procéder à une « réforme ambitieuse et pertinente du secteur » des médias. Désignant la Haute autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) comme cheville ouvrière de la réforme, il avait instruit le président de cette institution aux fins de procéder à des consultations avec les acteurs des médias.

Espérée de longue date, cette réforme est souhaitée par l’ensemble des professionnels du secteur, mais aussi par tous les consommateurs des médias. Mais l’attente a été si longue que les maux de la presse ont atteint un niveau où il n’est pas sûr que de simples réformes puissent sortir cette dernière de l’ornière dans laquelle elle git actuellement. Ce qu’il faut au Bénin aujourd’hui, c’est de tout raser et de refonder le secteur même si cela risque de faire mal à l’infime minorité qui en tire son épingle du jeu.

Aujourd’hui, il n’est plus un secret que la plupart de ceux qui se disent journalistes du secteur privé ne tirent pratiquement aucun revenu de l’exercice de leur profession. Même dans les médias audiovisuels, seule une poignée de professionnels ont des salaires pouvant leur permettre de s’occuper de leurs familles. Et en échange, ils sont astreint à animer les rédactions avec peu de journalistes, souvent d’ailleurs des stagiaires non-salariés. Quant à la presse écrite et ceux dits en ligne, la situation est encore pire. A l’exception de quelques rares journaux, les journaux ne disposent plus que des sièges de nom, juste pour tromper la Haac en cas de contrôle. Et par conséquent, le promoteur est souvent le seul à animer son journal. Toute cette situation a eu pour conséquence la banalisation de la corruption et du chantage au sein de la profession.

Et pourtant, le Bénin était connu dans les années 90 par la qualité de sa presse. L’Etat avait alors décidé d’une enveloppe annuelle de 300 millions de francs pour aider le secteur et ainsi pérenniser les acquis. Malheureusement, ce fut une erreur car c’est cette aide qui a grandement contribué à tuer le secteur. Devenu comme un pain autour duquel festoyaient les quelques médias qui existaient à l’époque, l’aide a attiré des convoitises et incité la création anarchique d’entreprises de presse soucieuses plus de la manne financière que de la qualité du travail. Mais ce que ces nouveaux venus ne savaient pas, c’est que les montants distribués aux médias étaient en réalité dérisoires au regard des besoins de fonctionnement d’une entreprise de presse.

Toute réforme devrait passer par là, même si la mesure risque de faire grincer des dents. On ne crée pas une entreprise en comptant sur l’aide. Le but de l’entreprise est avant tout de faire des profits et la presse ne devrait pas être différente. Le secteur peut demander, au regard de son rôle dans la démocratie, des facilités dans bien des domaines, mais pas une distribution d’argent comme cela se fait dans le cadre de l’aide de l’Etat à la presse.

Au nombre des sources de revenus d’une entreprise de presse la publicité vient en premier lieu. C’est pour cela que les entreprises privées et publiques sont souvent sollicitées. Malheureusement, les promoteurs des médias se plaignent de la diminution drastique des annonces publicitaires, en partie à cause du nombre de plus en plus élevé de demandeurs. Pour sauver les médias, il est donc important que la réforme passe également par ici. L’attribution de la publicité, en tout cas celle provenant du secteur public, devrait obéir à des règles objectives et non se faire par affinité tel que cela s’observe aujourd’hui.

En tout état de cause, la finalité de la réforme souhaitée par le chef de l’Etat est la restauration de la dignité d’une profession, pilier de la démocratie. Ceux qui seront chargés de la conduire ne devraient donc pas se laisser influencer par des intérêts particuliers si nombreux dans le secteur.

Pierre MATCHOUDO

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