L’igname: Une filière d’avenir

Adulée par les Béninois du nord au sud, l’igname reste pourtant un produit de luxe dans nombre de localités du pays et pour la majorité de la population.

Le mois d’août rime avec la fête de l’igname pilée au Bénin. Ainsi, à la suite de la plupart des localités du nord, la célébration de cet événement est conclue par la cité de Savalou qui a fait du 15 août la date à laquelle les habitants sont sensés consommer la nouvelle igname. Si les origines de cette fête sont liées aux pratiques cultuelles, elles montrent l’importance de ce tubercule au Bénin.

Produit sacré, l’igname –surtout pilée- est consommée en début de récolte seulement après avoir fait des sacrifices aux divinités de la fertilité. Aujourd’hui la pratique est devenue sécularise mais l’engouement des premiers temps subsiste et s’est même davantage accentué. Ainsi, alors qu’il y a quelques décennies, les restaurants proposant l’igname pilée dans leur menu étaient rares, aujourd’hui, ce plat est vendu à tous les coins de rues.

Appréciée, la préparation de l’igname pilée comporte toutefois une grande contrainte. Il faut se servir de ses bras pour piler et avec un certain art. A cause de cela, les restaurants sont obligés de recruter une main d’œuvre importante, ce qui se répercute sur le prix des plats. Peu donc sont ces familles qui peuvent se permettre de préparer ce plat à la maison, notamment au sud où, par tradition, il n’existait pas.

Mais aujourd’hui, grâce à la modernisation, il existe des appareils électroménagers conçus pour faire le travail. La demande ira donc croissante au fil du temps, et il faut pour cela que la production suive.

Historiquement limitée aux départements du Borgou et de la Donga, la culture d’igname est aujourd’hui tout aussi populaire dans l’ensemble des six départements du nord. Et à en croire les statistiques, le Bénin en est le 4e producteur mondial après le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Mais en dépit de cela, l’igname est une denrée rare à certaines périodes de l’année.

Au vu de sa popularité, l’igname est une filière porteuse. Malheureusement, celle-ci se trouve confrontée à certaines contraintes. Parmi celles-ci, l’appauvrissement des sols, les problèmes de conservation et le manque de transformation en farine.

Pierre MATCHOUDO