FCBE-Les Démocrates : Union sacrée contre Talon ?

Comment battre le candidat de Patrice Talon lors de la prochaine élection présidentielle ? C’est la question qui taraude l’esprit des responsables du parti Les Démocrates (LD) depuis leur congrès organisé les 14 et 15 octobre 2023 à Parakou.

Dans cette optique, une tentative de rapprochement est entreprise avec la deuxième plus grande formation politique de l’opposition, en l’occurrence les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE). A travers un courrier daté du 10 novembre dernier, Eugène Azatassou, le deuxième vice-président de LD a adressé un courrier à ce parti dans lequel il sollicite une audience « pour échanger sur les jalons à poser pour une opposition solide et cohérente, capable de proposer une alternative crédible à la gouvernance actuelle ».

Issu de la scission des FCBE, Les Démocrates sont deux partis crées par Yayi Boni, le premier lorsqu’il était au pouvoir et, le dernier, après avoir cédé son fauteuil et accusé les responsables des FCBE de trahison. Depuis, entre les deux groupes les relations ont été très mauvaises jusqu’aux élections législatives de janvier 2023. Lors de ces consultations électorales, les LD s’en sont sortis avec 28 députés au moment où les FCBE n’ont pu obtenir un élu.

Aujourd’hui bien que le rapport de forces soit désormais lisible,  clair, les frères ennemis peuvent-ils vraiment se retrouver et discuter dans la sérénité ? Rien n’est sûr car, entretemps beaucoup de coups ont été reçus de part et d’autre. Et malgré les dernières sorties médiatiques des FCBE au cours desquelles l’ancrage du parti dans l’opposition a été réaffirmé, il n’est pas certain que les LD soient rassurés au point de baisser la garde. C’est en effet les soupçons de double jeu des responsables du parti qui furent à la base de l’éclatement en deux ensembles.

Quels que soient les cas de figure, Les Démocrates ont intérêts à former une union sacrée contre la mouvance présidentielle s’ils tiennent à remporter la prochaine élection présidentielle. Certes, après une décennie au pouvoir, le régime est fragilisé. L’inflation, les impôts, la pression sur les paysans, l’affaiblissement des syndicats… les raisons d’en vouloir aux dirigeants actuels sont nombreuses. Mais, dans le même temps, Patrice Talon s’est révélé être un adversaire politique redoutable et d’une capacité d’anticipation inégalée. Les Démocrates n’ont donc pas d’autre choix que de tenter de ratisser large en rassemblant tous ceux qui se déclarent de l’opposition.

Ne pas le faire aujourd’hui, c’est courir le risque de voir la mouvance tenter un rapprochement avec les FCBE, un parti qui s’est montré parfois très conciliant avec le pouvoir. 

Pierre MATCHOUDO