En quête d’amour : Talon rejoint l’opposition

La déclaration du président Talon le jeudi 8 février dernier a dû avoir l’effet d’une douche froide auprès de ses supporters les plus zélés. Alors qu’ils pensaient faire le lit à un troisième mandat, le chef de l’Etat, Patrice Talon a laissé entendre qu’il n’en veut pas.

« Je ne veux pas qu’on touche à une virgule de la constitution », a-t-il martelé devant les journalistes convoqués à une conférence de presse à Cotonou. L’idée de revoir la constitution a été évoquée pour la première fois par le président de l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives de janvier 2023. Pour rallier le plus grand nombre de partisans du pouvoir, il avait organisé des consultations et, au cours de l’une de ces rencontres, il avait laissé entendre que le projet visait à remettre tout à plat. Pour donner corps à l’idée, Assan Seibou, député de la mouvance, a déposé au Parlement un projet de loi dans ce sens.

Le projet a suscité de vives réactions de la part de l’opposition, de l’opinion publique et même d’une partie des membres de la mouvance présidentielle qui le suspectent d’être un tremplin pour offrir au président de la République la possibilité de briguer de nouveaux mandats. Après un silence bienveillant, Patrice Talon a fini par lâcher les siens. Ce qui, cependant, ne suffit pas pour rassurer tant le projet poursuit son chemin à l’Assemblée nationale.

Mais quoi qu’en pensent les uns et les autres, il apparaît que Patrice Talon ne veut en aucun cas risquer un nouvel échec après sa toute première tentative de révision de la constitution. Car, dans tous les cas, c’est un projet mort-né que Assan Seibou a déposé à l’Assemblée nationale.

Sensible à tout ce qui peut toucher à son égo, Patrice Talon a maintes fois affirmé qu’il veut être porté en triomphe à la fin de son mandat. « … j’aime qu’on m’apprécie… j’aimerais quand je passe que l’on dise ‘regardez cet homme, il est gentil, il est admirable’… je serais heureux que l’on m’embrasse, que l’on m’applaudisse, que l’on me dise merci ». Cette quête d’estime maintes fois manifestée et réitérée le 8 février dernier devant les médias, n’aboutirait à rien si son auteur s’engageait dans un bras-de-fer perdu d’avance. Et ce serait ni plus ni moins une sortie par la petite porte.

Que se passera-t-il maintenant que Patrice Talon déclare être contre ses propres partis et plutôt en phase avec l’opposition sur une question aussi fondamentale ?

Damien TOLOMISSI