Education au Bénin : Ce qui va bientôt changer

Pour le quinquennat 2021-2023, le président Talon projette de nombreuses réformes dans le système éducatif national.

C’est un secret de polichinelle que de dire que le système éducatif béninois continue de souffrir de plusieurs maux en dépit des décennies d’investissements consentis tous les ans et de multiples innovations. Au cours de la campagne pour l’élection présidentielle du 11 avril dernier, le candidat Patrice Talon avait défrayé la chronique en annonçant son intention de faire évaluer les professeurs d’université par les étudiants et en relevant leur niveau. Si cette sortie avait focalisé toutes les attentions, il reste que le candidat qui a remporté le scrutin a, dans son programme, beaucoup d’initiatives qu’il compte mettre en œuvre tout au long des cinq prochaines années. « Le quinquennat 2016-2021 a permis de poser un diagnostic profond de notre système éducatif et d’aboutir à la conclusion que nous devons impérativement changer de paradigmes dans ce secteur », a-t-il inscrit dans son projet de société.

Mais, qu’est-ce qui va changer ?

Alors qu’à ce jour l’accent est mis sur l’enseignement général, le président Talon a l’intention d’inverser progressivement cette tendance et de faire en sorte que « 70% au moins des enfants qui sortent de l’école, quel que soit leur niveau, soient des produits de l’enseignement et la formation techniques et professionnels avec une meilleure formation générale de base ». Pour cela, il projette dès l’horizon 2023, de mettre en place, entre autres 30 lycées techniques agricoles modernes 7 écoles des métiers de référence dans les domaines tels que l’énergie et le numérique. Parmi les lycées techniques déjà existant, 17 seront « rénovés et équipés dans les secteurs de l’énergie, du numérique, du cadre de vie-infrastructures-transports et du tourisme-hôtellerie-restauration ».

Dans l’enseignement supérieur, l’accent sera mis sur l’amélioration de la qualité de l’offre de formation avec pour objectif de mettre la formation en adéquation avec les besoins du développement. Quant aux enseignants, ils devront subir des inspections comme cela se fait actuellement dans l’enseignement secondaire. Dans le même temps, il y aura des mesures spécifiques d’incitation à la recherche et à l’innovation.

Toujours dans l’enseignement supérieur, le président Talon projette de mettre en place une « Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir (CIIS) » pour promouvoir le développement d’une économie du savoir pourvoyeuse d’emplois et de richesse.

C’est donc un programme ambitieux que l’Etat devra bientôt mettre en œuvre. Cependant, bien qu’il mette l’accent sur la formation technique au secondaire, il ne met pas suffisamment l’accent sur la diversification de l’offre éducative dans le supérieur. Les filières classiques continueront de dominer alors que les débouchés qu’ils offrent sont saturés. Si la « Cité internationale de l’innovation et du savoir » projetée à Sème met l’accent sur les nouvelles filières, l’accès à ce centre éducatif risque de ne pas être ouvert au grand public tant les places seront limitées.

Certes, toutes ces propositions ont été faites dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle. Des correctifs peuvent donc être apportés…

Pierre MATCHOUDO