Décrispation politique : La part des anciens présidents

Alors que la main tendue aux forces vives de la nation après l’élection présidentielle de 2021 semble se refermer progressivement, il revient désormais aux anciens chefs d’Etat de rencontrer leur successeur avec en clé la libération des prisonniers politiques.

L’élection de Yayi Boni à la tête du parti Les Démocrates a été un événement inattendu du côté de la mouvance présidentielle. En effet, en dépit de la banalisation de cette promotion par le porte-parole du gouvernement, on sent une nervosité dans l’air. C’est que Yayi Boni n’est pas n’importe qui. Ancien chef d’Etat, sa présence a toujours drainé des foules qu’aucun acteur politique ne peut faire. Depuis, le dialogue entre l’opposition et la mouvance semble rompu, ce qui n’est pas pour faire évoluer des dossiers importants de la République.
Parmi ces dossiers, la libération des prisonniers politiques, notamment Joël Aïvo et Rékya Madougou emprisonnés depuis la campagne pour la dernière élection présidentielle. Alors qu’à chaque fête de l’indépendance les Béninois ont espéré cette libération, rien n’y fit. Il en est d’ailleurs de même du retour d’exil des dizaines d’acteurs politiques qui craignent pour leur liberté s’ils revenaient au pays.
Pour rappel, le président Patrice Talon avait dépêché des émissaires qui ont rencontré certains hauts responsables des institutions de la République qui devraient, à leur tour, négocier avec les opposants en vue de pacifier son deuxième et dernier mandat. Le chef de l’Etat a toujours affirmé sa volonté de quitter le palais par la grande porte. Et cela implique la création d’un climat pacifié et propice à l’unité nationale.
Face à la crispation suscitée par le congrès des Démocrates qui, le 15 octobre 2023, a porté Yayi Boni à la tête d’un parti sur lequel il avait déjà, de toutes les façons, une mainmise, il convient que ce dernier rencontre Patrice Talon afin de l’encourager à ne pas donner un coup d’arrêt à son initiative.
Ancien président du pays, Nicéphore Soglo devrait lui aussi y jouer sa partition. Il est vrai qu’il a des raisons personnelles d’en vouloir à son lointain successeur : ses deux enfants ont eu maille à partir avec Patrice Talon. Le premier, Léhady ancien maire de Cotonou, a dû fuir et se réfugier en Europe tandis que le second, Galiou, a survécu miraculeusement à une fusillade non élucidée à ce jour. C’est d’ailleurs une raison de plus pour qu’il se joigne à l’effort de pacification du climat politique du pays.

Damien TOLOMISSI