Contrôle de la population du Bénin: De la mauvaise gestion à la surpopulation

Suite au conseil des ministres du mercredi 3 mai 2023, l’ex-député Guy Mitokpè lance le débat sur la question du contrôle de la population du Bénin. Lors de sa rencontre hebdomadaire, le gouvernement a décidé de prendre des mesures visant à diminuer le nombre de naissances dans le pays.

Pour Guy Mitokpè aujourd’hui membre du parti d’opposition “Les Démocrates”, cette démarche ne se fonde sur aucune réalité. Selon lui, “nous avons certes des difficultés, le chômage galopant, des universités publiques surchargées, des centres de santé mal équipés, des prisons bondées, et que sais-je encore… mais, nous ne sommes ni surpeuplés, ni densément occupées”.

A l’appui de son raisonnement publié sur les réseaux sociaux, il a cité les pays les plus peuplés du monde pour conclure qu’ils sont également les plus développés. C’est le cas de la Chine et des États-Unis qui sont les deux superpuissances mondiales. En conclusion, il accuse le gouvernement de céder à la pression des États occidentaux qui pousseraient pour une telle politique.

Quoi qu’il en soit, la question de la croissance démographique en Afrique a fait l’objet d’un grand nombre de recherches assorties de propositions allant de la diminution du nombre d’habitants. Les politiques de certaines agences internationales vont dans ce sens injectant d’importants fonds pour promouvoir leur conviction.

Mais en réalité, le Bénin est-il surpeuplé ? La situation de ceux qui font la promotion de la réduction de la population est comparable à celle d’un père de famille paresseux et incapable de nourrir ses enfants et qui cherche comme solution de diminuer le nombre de bouches à nourrir.

En réalité, la question de la population africaine est mal posée, au mieux inversée. Les pays africains comme le Bénin n’ont pas de problèmes parce qu’il y a trop d’habitants mais plutôt parce qu’ils sont mal gérés. C’est connu de tous, le continent regorge de toutes sortes de matières premières que les pays occidentaux viennent acheter pour nourrir leurs industries. Il y a donc assez de ressources pour tout le monde et il y en aura encore pour des siècles.

Ce qui manque, c’est plutôt la bonne gouvernance. En effet, si les ressources étaient exploitées à bon escient, si au lieu d’exporter les matières premières brutes celles-ci étaient transformées sur place, non seulement la question du chômage serait en partie réglée mais aussi et surtout, les Etats africains pourraient disposer davantage de ressources pour financer leur développement. Si le Bénin n’est pas un pays pétrolier, tout au moins il dispose d’assez de ressources agricoles qui ne demandent qu’à être transformées et exportées.

En poussant pour la limitation des naissances en Afrique, l’Europe veut d’abord se protéger des hordes de migrants qui traversent déserts et océans pour parvenir à leur fin. En aucun cas, ce n’est donc pas dans l’intérêt du continent de suivre cette tendance qui montre ses limites.

Pierre MATCHOUDO