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Chanceline Mèvowanou et Carine Danhouan : Deux féministes à cœur ouvert

 Chanceline Mèvowanou et Carine Danhouan : Deux féministes à cœur ouvert

Ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes, le féminisme est souvent mal perçu par certaines personnes. Et pour cause, ces dernières pensent que c’est un mouvement dirigé contre tous les hommes. Chanceline Mèvowanou, fondatrice du groupe féministe ‘’Jeune filles actrices de développement’’ (Jfad) et Fifonsi Carine Danhouan, membre dudit groupe, après avoir donné leur avis reprécisent le sens du féminisme. Lisez plutôt !!!

Chanceline Mèvowanou : « Le féminisme n’a jamais tué personne mais le machisme tue des femmes tous les jours »

« Le féminisme n’a jamais tué personne mais le machisme tue des femmes tous les jours. Le machisme des hommes tue des femmes au jour le jour. Mais le féminisme n’a encore tué aucun homme.

Le féminisme, dans la bouche on dit que les femmes sont contre les hommes, c’est simplifier la situation alors qu’elle est très complexe. Quand je dis les hommes il faut comprendre qu’il s’agit du système. Nous ne disons pas que les hommes constituent des loups pour aller attaquer délibérément les femmes. Nous le disons en parlant de système. C’est pour ça que de plus en plus sur les réseaux sociaux, moi j’ai du mal à faire un débat féministe. Parce que tout le monde n’a pas la même compréhension des choses. Nous on fait le débat en parlant de système. Et quand on parle de système tout le monde est embarqué.

Il faut aussi comprendre que là où il y a la paix, l’amour, la fraternité, la réciprocité tout le monde vit là. Mais là où il y a la domination la rébellion s’installe. C’est pour cela qu’il faut se poser beaucoup de questions.

Quand je dis homme, c’est en tant que groupe social et non homme Noël ou homme Sêmèvo. On parle du groupe social homme. À ce titre, il y a des innocents, et ceux qui ne le sont pas. Dans le discours on se sent indexé mais on ne peut pas faire le débat en disant je vais parler de Noel, je vais parler de Lopez, prenons-les un à un pour en parler parce que la question n’est pas individuelle mais systémique.

Quand on dit que le féminisme a une connotation négative, cela est né de beaucoup de sentiments. Le premier c’est le sentiment que les femmes sont contre les hommes. Ce n’est pas cela. Les femmes sont plutôt contre le système des hommes pour les violenter.

Beaucoup simplifient la situation en disant les femmes sont contre les hommes. C’est simplifier la situation alors qu’elle n’est pas simple. La situation est très complexe. Les femmes sont contre le système et si tu es un homme qui soutient ce système tu auras toujours l’impression que les femmes sont contre toi. Et c’est normal parce que tu soutiens un système qui empêche les femmes d’être épanouies. On veut que les femmes ne soient pas en colère alors que la colère des femmes est très légitime dans cette situation.

Au Rwanda une femme a perdu ses trois filles à cause de la guerre. Elles ont été violées puis tuées. Elle, leur mère, sa manière de protester c’était de se lever les matins et aller s’asseoir au portail. Elle ne parle à personne du matin au soir. Une dame s’est rapprochée d’elle après l’avoir longtemps observée, c’est là qu’elle a raconté son histoire. Et la façon dont elle la vit c’est de se lever les matins, aller s’asseoir au portail et ne parler à personne.

On lui a tout pris: ses trois filles violées puis tuées. D’autres femmes n’allaient pas réagir ainsi. D’autres femmes seront très en colère. Très, très en colère. Cette colère serait très légitime parce que personne ne pourrait leur retourner les filles. Ces hommes assassins n’ont pas été punis, ils ne sont pas en prison.

On ne peut pas dire aux femmes de se taire, de ne pas se plaindre. Ce qu’on va souhaiter c’est qu’elles amorcent le processus de guérison. Donc il ne faut pas que les hommes considèrent cette colère comme quelque chose dirigée contre eux. Il y a des injustices, c’est normal qu’il y ait des réactions.

Certaines femmes sont très en colère parce qu’elles ont tout perdu‚ on leur a tout pris. Nous ne sommes pas contre les hommes mais il ne faut pas s’attendre que les femmes subissent des violences et dénoncent en souriant.

Nos mères ont été forcées à subir beaucoup de choses, à se lever tous les jours et à continuer à aller de l’avant. Mais ce que vous n’avez pas vu c’est que dans la chambre elles ont continué à nous éduquer, à nous dire « moi j’ai subi ça mais toi tu ne vas pas subir en tant que ma fille. Donc il faut te battre ».

Et voilà le résultat aujourd’hui. Notre génération ne veut pas subir et continuer à être des femmes gentilles, comme nos mères l’ont été. Donc le féminisme n’est pas apporté par les Blancs. Nos mères nous ont éduquées dans les chambres, c’est une stratégie qu’elles ont utilisée. »

Carine Fifonsi Danhouan : « Mon féminisme est contre les hommes qui sont des bourreaux »

« Dites-moi une seule révolution et quand elle se menait elle est bien vue par les autres ? Est-ce que quand Fidel Castro faisait la révolution cubaine, les États-Unis étaient d’accord ? Quand je prends le panafricanisme, est-ce qu’on a déjà dit aux Africains qu’il faudrait faire ami aux occidentaux pour réclamer la dignité de l’Afrique, pour réclamer notre liberté ?

À aucun moment les Africains ne disent cela. On voit comment ils sont tout le temps en train de défendre les valeurs de l’Afrique. On voit tous comment le panafricanisme mène son combat. Mais pourquoi quand il s’agit du féminisme on veut que les femmes soient douces, qu’elles soient dociles ?

C’est vrai, on dit que le féminisme n’est pas contre les hommes, mais moi mon féminisme est contre les hommes qui sont des bourreaux. Mon féminisme n’est pas contre les hommes en général mais il est contre les hommes qui sont des bourreaux. Parce que tu ne peux pas être mon violeur et je vais encore te supplier. Tu ne peux pas me harceler et je vais te supplier ; tout comme si tu vas maintenant rentrer en toi, et réfléchir. Non ! Ça ne se passe pas comme ça.

Parce que déjà ces choses semblent normales. On sait qu’elles sont réprimées par nos lois, on le sait très bien mais on refuse d’appliquer et on veut que les femmes supplient d’abord. Si les droits des femmes étaient respectés on n’aurait pas besoin de mener un mouvement, de construire un mouvement pour réclamer.

Donc personnellement je me fiche de l’image négative que les gens ont du féminisme. C’est vrai, c’est un mouvement aussi complexe. Ce ne sont pas toutes les féministes qui crient qui sont toutes féministes.

Quelqu’un a écrit que les féministes ne crient pas, ne dénoncent pas les violences contre les hommes. Combien de féministes ont-elles déjà commis des crimes ? Mais on dit qu’il ne faut pas dire que les hommes sont des violeurs, des harceleurs. Mais les statistiques sont là.

Chaque jour tu écoutes, toi-même tu es victime, les hommes t’attaquent tout le temps : les messages sur les réseaux sociaux, le harcèlement…on n’y assiste tous les jours. Quelle est la statistique aujourd’hui des femmes qui sont contre les hommes, qui sont des bourreaux pour les hommes ? Il faut voir tout ça.

Par rapport à l’image du féminisme, on va faire ce qu’on peut mais on ne peut s’attendre à ce qu’il soit acclamé de tout le monde. Sauf si je vois des Africains acclamer les États-Unis, l’Occident, la Chine, etc. Ou si je vois les États-Unis acclamer Castro. Sinon toute révolution ne s’attend pas à être acclamée. »

S.B. AGON (Coll)

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