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Après sa tournée dans le nord: Talon doit s’ouvrir à d’autres sons de cloche

 Après sa tournée dans le nord: Talon doit s’ouvrir à d’autres sons de cloche

Le président Patrice Talon a entamé une tournée qui le conduira dans la plupart des 77 communes du Bénin. Attendues par la plupart des observateurs de la scène politique nationale, les étapes de Savè, Tchaourou et Parakou ont eu lieu respectivement les 12 et 13 novembre 2020.

Les villes de Savè et Tchaourou, mais aussi Bantè, se sont illustrées par des actes de défiance vis-à-vis du chef de l’Etat à l’issue des élections législatives de 2019 et bien au-delà. Les manifestations organisées dans ces localités ont débouché sur des affrontements violents contre les protestataires et les forces de l’ordre, avec comme bilan un nombre indéterminé de morts et de blessés. Les chasseurs traditionnels de Savè ont d’ailleurs à l’occasion, acquis le statut de guerriers intrépides qui ont osé braver les chars de l’armée. 

Il était donc normal que la visite du chef de l’Etat dans cette région rebelle soit scrutée de près. Cela d’autant plus qu’à la veille de l’arrivée de ce dernier, des jeunes de Tchaourou se sont soulevés de nouveau, mais cette fois pour dire que le président de la République ne devrait pas venir dans leur ville après tout ce qu’il s’est passé, surtout qu’il se regarde en chien de faïence avec le plus grand enfant du terroir, l’ancien président Yayi Boni.

Qu’à cela ne tienne, Patrice Talon est bel et bien passé par ces localités jeudi 12 novembre dernier pour arriver à Parakou, l’autre bastion de l’opposition mais plus calme. Que ce soit à Savè, à Tchaourou ou à Parakou, l’objectif assigné à cette tournée semble avoir été atteint. Le président de la République a rencontré les populations, ou plus précisément des personnalités triées sur le volet. Les échanges ont eu lieu dans des locaux bien sécurisés, comme la Maison des Jeunes de Tchaourou, devenue inaccessible aux résidents hostiles à cette visite.

Officiellement, la tournée nationale ne devrait pas être populaire. Aucun bain de foule n’a été prévu. « Le format des rencontres a été bien pensé pour ne pas exposer inutilement les populations. Les mesures barrières seront strictement observées et il n’y aura pas de grands regroupements », a averti le gouvernement bien avant le démarrage de la tournée. En lieu et place du citoyen ordinaire, ce sont « les conseillers communaux, les associations de développement, les sages et notables » qui ont le droit d’accès aux salles de rencontre. En somme un public acquis à la cause du chef de l’Etat.

A Parakou, l’itinéraire du président Talon a bien été tracé. Du coup, il n’a pas eu l’occasion de voir l’état de la majorité des routes, celles qu’il a parcourues étant bitumées et dotées de lampadaires.

Dans un pays bipolarisé comme le Bénin, l’appréciation de cette tournée ne peut qu’être diverse. Pour les partisans de la mouvance présidentielle, c’est un coup réussi. Les opposants, au contraire, trouvent que cette tournée n’a pas plus de valeur qu’une flatterie à l’approche d’une élection cruciale. Les regrets exprimés à Savè et à Tchaourou ? Même appréciation.

Face à cette situation, il reste tout de même une constance. Le format de la rencontre, que le gouvernement a justifié en invoquant la situation sanitaire due au Covid-19 n’est pas passé dans des localités où le port du masque et la distanciation sociale sont très peu observés et où l’on croit peu à l’effectivité de la maladie invoquée. Très tôt des comparaisons ont été faites avec le prédécesseur de Patrice Talon, un grand habitué des bains de foule. A Parakou, nombre de citoyens regrettent aussi le fait que le président Talon n’a pas été autorisé par ses hôtes à faire un véritable tour dans la ville pour voir son état réel.

Au terme de cette tournée, le bilan que les conseillers feront au chef de l’Etat sera d’autant plus un bilan empreint d’autosatisfaction que, non seulement la vraie réalité n’a pas été montrée au premier personnage du pays, mais aussi, les acteurs capables de dire la vérité étaient, dans la plupart des cas, absent lors des échanges.

Le président Talon ne saura donc la vérité sur sa tournée que s’il essaie d’avoir d’autres sons de cloches que ceux qui, bien entraînés à la flatterie, qui ont animée ses escales.

Pierre MATCHOUDO

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