Niger : Tiani, tentative de diversion ratée

Faire diversion pour masquer son incapacité à produire les résultats promis, telle est la stratégie du Général Abdourahamane Tiani, le président du Niger. Mais pour combien de temps?

Souveraineté, victoire sur le terrorisme, emplois…les promesses du général putschiste étaient nombreuses à son arrivée au pouvoir suite au coup d’état en juillet 2023. Un coup de force qui a connu l’adhésion populaire, surtout de la partie des citoyens qui n’avaient jamais accepté le président Mohamed Bazoum pourtant démocratiquement élu.

Seulement, depuis que le Général s’est installé dans le fauteuil présidentiel, les conditions de vie de la population n’ont connu aucune amélioration. Au contraire. Le coût des denrées alimentaires a connu une hausse jamais égalée. Pays enclavé, les exportations passaient par le Port Autonome de Cotonou qui est le point le plus proche. Mais depuis le coup d’Etat, la frontière avec le Bénin est restée fermée, ce qui oblige les commerçants à faire un détour par le Burkina Faso, ce qui a des répercussions sur les prix des produits. Le Général justifie cette fermeture de la frontière par le fait que, selon lui, le Bénin abrite une base militaire française dont l’objectif serait de déstabiliser son régime. Malgré les démentis et une invitation à sillonner le Bénin pour constater qu’il n’existe aucune base étrangère, Tiani est resté sur sa position.

Sur le plan de l’autosuffisance alimentaire, rien n’a été entrepris pour augmenter la production nationale. Du coup, une bonne partie des habitants survit grâce à la distribution de nourriture faite par ces mêmes puissances étrangères dont le régime veut se débarrasser. Depuis plus d’un an et demi, il n’y a pas eu création d’emplois et le pétrole tarde à produire le miracle dont rêvait le Général à sa prise de pouvoir. Au plan sécuritaire, les terroristes sont plus que jamais actifs.

Pour ne pas endosser la responsabilité de la dégradation de la situation sécuritaire, ainsi qu’à son échec sur tous les plan, il essaie de trouver des boucs émissaires notamment le Bénin, le Nigéria, deux pays voisins, mais aussi la Côte d’Ivoire. Tandis que, selon ses élucubrations, le Bénin aurait acquis une centaine drones qu’il aurait distribués à des terroristes, le Nigéria abriterait une base militaire française qui aurait pour mission de mener des actions de déstabilisation sur son territoire. Quant à la Côte d’ivoire, Tiani  l’accuse de former des “nigériens réfugiés en Côte d’Ivoire” afin de déstabiliser son pouvoir.

Le Nigéria, la Côte d’Ivoire et la CEDEAO prise à partie, elles aussi-ont vivement réagi. Idem pour le Bénin, le chef de la diplomatie béninoise a protesté, via un courrier adressé à son homologue nigérien, puis convoqué la Chargée d’affaires de l’ambassade du Niger au Ministère des Affaires étrangères à Cotonou. « Ses accusations sont fausses et dénuées de tout fondement objectif », dénonce le ministre béninois, dans sa correspondance. Il invite les autorités nigériennes à œuvrer pour la « promotion d’un dialogue constructif et sincère ».

Cette distribution de piques dans la sous-région montre à quel point le Général Tiani est désespéré. La population a commencé à donner des signes de désillusion, ce qui est une menace réelle à son pouvoir. Les nouvelles accusations du chef de la jungle ont sonné, même auprès de nombre de ses partisans, comme un disque rayé. Ce dont le Niger a besoin, c’est la restauration des relations de bon voisinage et de respect mutuel qui existaient avant l’irruption de ces militaires incompétents sur la scène politique.

Pierre MATCHOUDO