2e mandat : Les grands chantiers de Talon

Discours d’investiture, le speech du président Patrice Talon prononcé dimanche 23 mai 2021 est aussi un discours programme. Le chef de l’État qui rempile y a annoncé les couleurs de ce que sera son second mandat.

Le chantier le plus important auquel le président de la République promet de s’attaquer est celui de la cohésion nationale sans laquelle aucun progrès réel n’est possible. “Désormais donc, notre défi, notre leitmotiv, doivent être de taire nos querelles pour nous consacrer à l’essentiel, consolider notre marche vers le progrès en restant mobilisés et soudés dans notre lutte contre la pauvreté, notre réel et seul ennemi”, a plaidé le chef de l’État. Cet appel qui s’adresse à toutes les forces de la Nation semble prioritairement destiné à l’opposition qui ne lui a jamais fait de cadeau depuis qu’il est arrivé au pouvoir comme le témoigne les violences qui ont entaché les élections d’avril 2019 et celle, récente, du 11 avril 2021.
Cette quête de réconciliation ira-t-elle jusqu’à la libération des détenus arrêtés en marge du processus électoral et le retour des exilés ? Le président Talon n’a pas indiqué la méthode qu’il compte utiliser pour parvenir à cet objectif.
Le deuxième grand chantier est sans aucun doute le social. Les données macroéconomiques indiquent que le Bénin a fait d’importants bonds en avant. Mais les performances économiques ne sont pas suivies de bien-être social. Le pouvoir d’achat de la population s’est drastiquement érodé ces cinq dernières années. “Ce mandat sera hautement social”, a d’emblée promis Patrice Talon. Il ajoute: “Mon souhait en ce qui me concerne personnellement, c’est qu’il soit établi à la fin de mon mandat que j’ai donné le meilleur de moi-même pour notre satisfaction commune. La réussite de ce défi sera conditionnée par la création des richesses et des emplois. C’est ce qui explique le troisième grand chantier auquel veut s’attaquer le chef de l’État.
La création des emplois demeure donc la clé de voûte pour sortir les Béninois de la précarité et leur assurer un bien-être social. En effet, l’emploi salarié ou l’auto-emploi permet à celui qui l’occupe, et à sa famille, de mener une vie décente, proportionnellement à son revenu. Et déjà dans son programme de société pour le quinquennat qui commence, le chef de l’Etat, alors candidat à sa propre succession, avait admis que le paysage national était caractérisé par « un manque d’emplois pour une population très jeune malgré le dynamisme économique national ; le sous-emploi affecte encore 72% des actifs occupés, ce qui reste préoccupant, les faibles capacités des entreprises existantes à générer des emplois, une économie locale faiblement pourvoyeuse de nouveaux emplois et l’’inadéquation profil/poste ».
Dans le même temps, il s’est engagé à faire face à cette situation. Pour ce faire, selon son programme, la priorité sera accordée à des travaux à haute intensité de main d’œuvre, à des recrutements ciblés dans la fonction publique et au soutien financier des entreprises en vue du recrutement de la main d’œuvre qualifiée.
Ce qui est certain, le programme de ces cinq prochaines années passera par l’amélioration du climat des affaires. Ce que le chef de l’Etat pense aller de pair avec la lutte contre la corruption et l’impunité dans tous les domaines. Tout au long de ces cinq dernières années, l’accent a été mis sur la perception par les investisseurs étrangers des facilités qu’ils ont lorsqu’il s’agit de faire les affaires au Bénin. En homme d’affaires averti, Patrice Talon sait sans doute mieux que quiconque les leviers sur lesquels il faut agir pour attirer davantage les investisseurs. Renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance, réalisation d’infrastructures et de bien d’autres commodités sont également des chantiers auxquels le président s’attèlera lors de son quinquennat comme cela figure dans son programme d’action.

Pierre MATCHOUDO