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«Ordre de Mission»: Une plume de Myrtille Akofa Haho (4ème partie)

 «Ordre de Mission»: Une plume de Myrtille Akofa Haho (4ème partie)

Après la mise sur le marché de « Kidal » qui est un recueil de six nouvelles, Myrtille Akofa Haho, écrivaine béninoise a décidé de partager avec les lecteurs un de ses textes. Il s’agit de « Ordre de Mission ».  Voici la quatrième partie. Lisez plutôt !!!

– Tu sais, chéri, je suis….

– Mais, parle à la fin et cesse de me torturer. Il éclata de rire. Je l’accompagnai. Son cœur battait plus fort que jamais. Son cœur semblait plus chaud à présent, et son étreinte plus franche. Un nœud sembla se former au travers de sa gorge.

– Je suis…

– Enceinte? Youpii !

– Chéri, dis-je calmement, j’ai trouvé un boulot.

– Comment ?

Il dénoua son étreinte, me détacha de lui avec empressement, et plongea dans le mien, son regard gros de questionnements.

– Oui Sètché, j’ai été recrutée par la préfecture. Je commence le mois prochain. Je me suis dit que tu serais content pour moi. D’ailleurs, tu m’as toujours soutenue dans mes choix. Travailler, me changera les idées, et je pourrai enfin exercer ce que j’ai appris.Il se renfrogna. Je ne comprenais rien et écarquillai de grands yeux. Il dit alors :-Tu devrais m’en parler d’abord. Là tu as pris ta décision et tu fais tout un cinéma pour me mettre devant le fait accompli.Je lui expliquai que je voudrais lui faire une surprise et qu’il devrait être content pour moi comme à son habitude.La nuit s’arrêtait ainsi. C’était noir dans mon cœur. Il ne m’adressa plus la parole….La nuit s’arrêtait ainsi. C’était noir dans mon cœur. Il ne m’adressa plus la parole. J’obliquai dans ma bibliothèque. Je n’y trouvai aucun livre à mon goût du moment. J’allumai mon ordinateur. Je pus consulter mes mails. Mais je n’eus pas la force d’y répondre pour l’instant. Un brin de colère monta vers mon cerveau. Je sortis dehors. Il faisait clair de lune. La ville ne dormait pas encore. A-t-elle jamais dormi, celle-là ? Je fis un tour dans mon jardin. La rosée me mouilla les pieds. J’en ressentis une sensation de bien-être et de fraîcheur qui se répandit dans tout mon corps. Je respirai profondément. L’air frais m’apaisa un peu. Je retournai prendre un bain. Je revins au salon. Mon mari me toisa, le regard aigre. J’y lus toute la charge de sa jalousie. Il était possessif, Setché. Je lus dans son regard sa rage et sa peur de me voir travailler aux côtés d’autres hommes que lui, toute une journée durant. Il s’imagine les attouchements, les clins d’œil qu’ils me feraient. C’est pour cela qu’il ne voulait pas me laisser travailler. Je me souviens encore de sa réponse, le jour où, il y a plus de dix années maintenant, je lui ai dit que je voulais travailler :

– Je n’ai rien contre, répondit-il. Sauf que j’aurai du mal à t’imaginer loin de moi, au milieu de tant de coqs prédateurs. Tu es à moi, et je me battrai pour que rien ne te manque. Je t’aime tellement que je dois te protéger de toi-même.

– Jalousie ?

– Euh… Non pas du tout, responsabilité plutôt. J’ai une dette envers « ma rose ». La protéger de tous les vers qui s’attaqueront à sa racine, et de tous les vents qui l’effeuilleront.

– Monsieur l’ange gardien !

– Il est écrit, souviens-toi, que nous sommes les gardiens l’un de l’autre. Pour ne l’avoir pas compris, Caïen a tué Abel, Judas a  vendu son Maître. Moi je suis responsable de toi, de nous. Un malheur te frappe-t-il, je suis mort. Te protéger, c’est me faire vivre. Son regard, cette nuit, me rappelle ce débat qui a tué en moi l’envie de travailler. Je ne voulais pas être responsable du malheur du garçon d’autrui. Il était capable de se suicider ou de devenir fou si un malheur m’arrivait. Je me demandais si c’était de l’amour ou de la folie. Mais Mawulé, ma sœur me répondait toujours que l’amour est avant tout folie. Je me couchai dans le divan, les yeux au plafond, pour oublier que Sètché était à côté et rongeait son frein. Dans ma tête, se déferlèrent les histoires entendues çà-et-là. Je pensai à Amina qui dut rentrer chez ses parents avec ses six enfants, le jour où son mari revenu d’une mission des casques bleus au Congo ne la vit pas à la maison. Son mari rentra sans prévenir. Il ne vit que le gardien et les enfants. Dans sa tête, madame est dehors, ou dans les bras d’un autre. Dès qu’elle rentra, elle lui souhaita la bienvenue. Il y répondit par une paire de gifles qui la firent cogner sa tête contre le mur.

– C’est justement pour que tu n’ailles pas te balader que je ne t’ai pas emmenée avec moi au Katanga. Ta mission était ici, auprès des enfants et de mes parents. Tant de femmes envient ta place, et tu te fous du bonheur que je t’offre. Qui va accepter ça ? Revenir chez soi, et ne pas voir sa femme ? Inadmissible. Tu veux jouer à la parvenue, eh bien, le portail n’est pas fermé. Amina voulait simplement mettre le temps à profit pour exercer ce petit métier qu’elle avait tant adoré. C’est pourquoi elle s’était fait embaucher comme interprète auprès d’une organisation de la place. Elle pensait faire plaisir à son mari, en mettant son expertise au service de cette organisation qui s’occupait des enfants nés avec des malformations. Cela lui permettait de renouer avec l’interprétariat qu’elle avait étudié à l’université. Elle était convaincue que le temps avait fait son œuvre, et qu’il changerait d’avis avec les nouvelles connaissances que la vie et ses expériences d’officier lui avaient fait acquérir. Hélas… Depuis que la pauvre Amina avait rencontré son futur mari, sa licence ne lui servit qu’à torcher les enfants et s’occuper de la belle-famille, une ribambelle de grincheux toujours insatisfaits qui lui en veulent parce qu’elle n’était pas la femme qu’eux voulaient pour leur fils. Devrais-je la prendre en pitié ? Ma vie n’était-elle pas analogue à la sienne, avec la seule différence que je n’ai pas six enfants et que mon mari ne m’a jamais porté de coup. Mais j’étais confiante. Sa colère lui passera et il me félicitera. C’est ce qu’il avait fait quand, je lui fis la surprise de mon permis de conduire. Il avait mal digérée que je fusse seule avec un moniteur dans le véhicule lors de l’apprentissage. Mais il finit par me saluer pour ma bravoure. Soudain je repensai à Amina. Une sueur froide me parcourut le dos. L’image d’Amina se plaqua dans ma mémoire, têtue, ineffaçable. Je me levai de nouveau, sans me préoccuper de Setché. Je pris un livre dans ma bibliothèque. Je l’avais déjà lu et relu, celui-là. C’était l’histoire du couple Ahouna-Anatou. Je la connaissais par cœur, cette histoire, et dans ses moindres détails. Pourquoi avais-je choisi cette nuit « Un piège sans fin » ? J’étais plongé dans mon livre. La porte s’ouvrit soudain avec fracas, me faisant sursauter. Je vis Sètché entrer sur la véranda. Il m’adressa à peine un regard, scruta les alentours et retourna à l’intérieur. Il venait de m’enlever toute envie de continuer à lire. Je refermai l’ouvrage et m’installai devant mon ordinateur. J’ouvris mes onglets d’adresse pour la préfecture. Rien. Je retapai l’adresse email sur mon téléphone, rien ne s’affichait. Toutes mes données, mes diplômes scannés, mes contacts avaient été supprimés. J’étais abasourdie. Ce n’est pas possible. J’avais l’impression de vivre l’oppression, de vivre deux rêves à la fois. Il était deux heures du matin. Ahouna et sa misère ne m’avaient pas quitté l’esprit et je vivais ce cauchemar avec Sètché … (A suivre)

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