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«Ordre de Mission»: Une plume de Myrtille Akofa Haho (1ère partie)

 «Ordre de Mission»: Une plume de Myrtille Akofa Haho (1ère partie)

Après la mise sur le marché de « Kidal » qui est un recueil de six nouvelles, Myrtille Akofa Haho, écrivaine béninoise a décidé de partager avec les lecteurs un de ses textes. Il s’agit de « Ordre de Mission ».  Voici la première partie. Lisez plutôt !!!

ORDRE DE MISSION

Ce matin, il fait beau, d’un charme grand comme mes yeux et d’un bleu du ciel comme j’aime. Les crapauds n’ont pas coassé du tout la nuit, et les corbeaux ne l’ont pas emplie de leurs complaintes. Si quelques hiboux ont donné de la voix, et que des chats, sûrement noirs, ont miaulé sans se fatiguer la gorge, les sauterelles s’étaient par contre fait remarquer par leur silence inhabituel. Je n’ai rien avalé depuis hier nuit, et le mal de dos, qui grignote mon cerveau quand je suis très anxieuse, reprend du boulot. Ce matin, il fait beau, les nuages me sourient, mais rien ne va. J’ai cassé six assiettes, quatre tasses de thé, et je me suis coupée la main. J’ai mal aux bras, mal à la gorge et j’ai juste envie qu’on me dise « tout ira bien ». Comment c’est arrivé ? Quelle question ! Il faut qu’on soit deux pour que ça arrive, non ? Et j’astique toujours le sol avec rage. Je pleure plus souvent que je ne ris maintenant. Mes larmes servent aussi à astiquer le sol. Les larmes ne préviennent pas. Elles viennent comme sceau de la joie qui inonde le cœur. Elles sont aussi là pour vous témoigner leur proximité dans vos épreuves. Je frotte plus qu’il n’en le faudrait. Les paupières me brûlent, mes ongles me font mal. Mais la rage qui me chauffe le sang se déverse sur cette serpillière qui aurait pu servir à éponger les larmes de mon cœur. Je devrais arrêter vu mon état, mais je ne me résous pas. Comment ai-pu être idiote à ce point ? Idiote, non pas, ingénue peut-être, ou assurément trop femme. Je frotte toujours comme si ça arrêterait mon chagrin. Mais pourquoi ? Ça fait deux heures que je frotte ce sol. C’est ahurissant. Il faut que je me lève pour faire autre chose. Le tri de mes vêtements par exemple. Je passe un dernier coup de serpillière à tout le séjour et je range les seaux dans la buanderie. Oh! Seigneur ! Mon dos me fait souffrir ! Je réussis tout de même à me tenir debout. La vitre des persiennes me renvoie une image glauque de moi-même. J’ai les cheveux hirsutes et des cernes tout autour de mes yeux. Je dois faire pitié à voir. Heureusement qu’il ne reviendra pas avant deux semaines. Il faut que je trie mes vêtements. Ça recommence. Je dois mettre de côté mes jolies robes, mes shorts et bodies qui m’allaient comme un gant. Mes beaux pantalons. Je me déteste en ce moment. Je conteste qu’on me dise que c’est comme cela que ça se passe, comme si c’est une fatalité. On a le choix de donner à chaque quotidien la marque unique qui lui revient. A moins qu’on ne veuille vivre en perroquet, toujours prompt à répéter les autres, ou comme le caméléon qui ne s’offusque guère de prendre la couleur des corps environnants. Je refuse d’être un pantin qu’on fait aller dans les sens que je ne souhaite pas nécessairement. Pourquoi ne dois-je pas choisir pour moi-même. La meilleure des souverainetés, est de pouvoir faire ses propres choix et d’en être responsable. Et en deux mois d’absence, je n’ai pas pris une décision. Je n’ai pas réussi à me transcender pour en prendre une. J’attends sagement qu’il vienne pour qu’on en parle à deux. À deux ? Non. Il faut que je me décide. J’en ai marre de parler avec lui. Il a toujours le dessus, et je ne lui résiste pas assez. Pauvre de moi…Quand est-ce que je reporterai mes ceintures et mes collants qui savent si bien épouser mes formes ? Je prends déjà des kilos et ma démarche n’est plus la même. Je dois renouer avec mes boubous, les pagnes ; et bonjour les recommandations : ma belle-mère dira : « ne sors plus la nuit, couvre-toi la tête pour sortir en cas d’urgence, mets un caillou dans ton pagne contre les mauvais esprits, garde un citron dans ton sac pour t’épargner les accidents, marche droit, prends beaucoup de bouillie de maïs ». Mon beau-père ne tarira pas de conseils : « Ne te fâche pas, sois prudente et positive, mange moins salé, que personne ne regarde ton nombril, surtout pas ceux qui ont en eux, rassemblées les laideurs de l’humanité, autrement tu perpétuerais leur race ! » Il ne me fallait pas ce nouveau bébé. Pas maintenant, en tout cas. Que vient-il chercher alors que je cherche un nouveau centre de gravité pour ma vie qui manque de vitalité et de poigne ? Comment ai-je pu, durant ces nuits-là, mal compter mes jours ? Et lui, il reviendra tout guilleret me revoir entre ces quatre murs où j’étouffe. J’enrage. Je jette les habits par terre et je vais m’allonger. Encore sept longs mois d’attente… Quand je pense à tous ces années brûlées à ses côtés… Il n’est pas moche du tout, loin s’en faut. Conquérant jusqu’aux cheveux, je n’ai pu lui résister. Et d’ailleurs, on lui résiste difficilement. Mon mari est l’homme que toutes les femmes aimeraient avoir comme époux.  Nous nous étions connus il y a dix ans. C’était dans le bus de l’université. Il m’avait cédé sa place pour rester debout pendant une heure de trajet. Ce n’était pas courant cet acte, dans notre milieu où il fallait se battre chaque jour pour une place en bus, pour une place sur une brique de ciment en amphi ou pour une place au restaurant universitaire où goujats et loups se joignaient pour la perte des moins doués dans l’art de tordre le cou à la raison pour avoir toujours raison. Dès ma descente du bus, je le gratifiai d’un merci timide quoique sincère, et je me dirigeai déjà vers mon amphi. J’avais oublié qu’il existait, et j’allais normalement au cours sans le revoir… (A suivre)

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