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Mohamed Bazoum à propos de la lutte contre le terrorisme: «Nous avons tiré les leçons de nos expériences»

 Mohamed Bazoum à propos de la lutte contre le terrorisme: «Nous avons tiré les leçons de nos expériences»

Lors de son premier anniversaire à la tête du Niger en 2022, Mohamed Bazoum s’est prêté aux questions de la presse continentale. Dans cet entretien exclusif, le président de la République du Niger a dévoilé la solution de son gouvernement pour lutter contre le terrorisme. Nous étions en 2022. Lisez plutôt !!!

M. le président, bien de gens proposent aujourd’hui le dialogue ou la négociation avec les groupes terroristes, parallèlement vous l’avez dit, le Niger s’équipe pour faire face aux terroristes, vous avez acquis récemment des drones turcs, pour le philosophe que vous êtes également, que dites-vous de cette dialectique ?

Les jeunes qui sont engagés dans ces organisations n’y vont pas par conviction idéologique ou par conviction religieuse. Nombre d’entre eux y vont de façon accidentelle parce qu’un certain contexte y est favorable : ils peuvent disposer d’une arme, avoir une moto. Ce sont des choses dont ces jeunes-là rêvent et voilà qu’ils ont l’occasion de pouvoir jouir de tout le prestige qui peut alléger la situation. Ils sont en rupture avec leurs familles pour lesquelles cette décision n’est pas une décision aisée et nous avons discuté avec les parents, nous avons senti que bien des parents de ces jeunes-là sont contre ce que font leurs enfants nous avons promis un certain dialogue avec les chefs de tribus, avec les responsables dans les régions affectées par ce phénomène et nous avons mis en place des dispositifs qui consistent à demander à ce qu’ils soient démobilisés et qu’ils reviennent. Nous avons fait cette offre et nous avons utilisé tous les moyens nécessaires à cet effet et nous avons quelques résultats. Les résultats ne sont pas spectaculaires, mais tout ce qu’on peut récupérer comme objet est une bonne chose. C’est ce que nous sommes en train de faire. Ces organisations terroristes ont à leur tête des gens qui ne relèvent pas parfois de nos pays et qui n’ont pas beaucoup de soucis quant à la stabilité et même au bien-être des populations à la base qui ont un peu d’égard pour ces populations et leurs souffrances éventuelles. Ce ne sont pas par conséquent des partenaires politiques, avec qui de haut niveau nous pourrions discuter mais tout ce qui est plus bas vraiment que nous pourrions cibler parce que nous avons un contexte sociologique qui nous permet de le faire.

Venons-en à la méthode de lutte contre le terrorisme au Niger. D’abord la politique de « déradicalisation » et aussi le retour des personnes déplacées de leurs zones d’habitation. Dans la région de Makalondi et Torodi en avril dernier, vous avez dit ceci : « vous allez retourner chez vous et nous allons mettre en œuvre ce dispositif de sécurisation de votre retour mais surtout nous allons sécuriser votre vie de façon définitive… ». Monsieur le président, est-ce une promesse forte ou ambitieuse ?

Nous avons commis une erreur en 2015 quand Boko Haram avait exercé une telle violence sur les populations dans les villages. Nous avons eu plus de 150 mille déplacés interne, plus de 180 mille réfugiés venus du Nigeria et pendant des années nous nous sommes accommodés de cette situation. Elle a été très préjudiciable pour l’économie de la région, pour les conditions de ces populations elles-mêmes et à partir de l’année passée nous avons changé de paradigme et nous avons décidé que nous ne laisserions plus les populations se déplacer et vivre dans des camps dans des conditions qui sont très difficiles. Et je suis allé à Diffa, j’ai discuté avec les populations et nous avons décidé de les ramener dans leur village et de leur assurer la sécurité parce que nous leur donnons une chance de promotion économique et des chances de vivre une vie différente de celle caractérisé par l’assistance humanitaire à laquelle elles ont plus ou moins droit quand elles sont des personnes déplacées. Et nous avons ramené une partie de la population de Diffa et cette année nous nous préparons à ramener l’autre partie et c’est ça notre doctrine désormais de ne laisser personne dans les camps. Nous l’avons expérimenté l’an passé dans la région nord de Tillabéry et depuis quelques mois toutes les populations des villages qui se sont déplacées le long de la frontière avec le Mali sont entrain de retourner, une bonne partie est déjà retournée. Ces populations, à Makalondi et Torodi non loin de la frontière du Burkina ont été déplacées il y a à peu près trois semaines. Nous avons été très réactifs aussitôt, je me suis adressé à elles, et nous avons décidé de les ramener et de les sécuriser. Ça c’est notre doctrine désormais. Parce que, les frères du Burkina aujourd’hui ont affaire à un million et demi à peu près de personnes déplacées. Ce sont des populations qui vivent dans une situation de très grande détresse et puis il y a toute l’économie qui est perturbée du fait de cette situation. Il vaut mieux consentir ponctuellement beaucoup d’efforts pour ramener les populations et puis assurer la sécurité là-bas, ça facilite un peu le combat contre le terrorisme.

Niger President Mohamed Bazoum speaks during a joint press conference with United Nations (UN) Secretary-General Antonio Guterres (not seen) at the presidential palace in Niamey on May 2, 2022. (Photo by Issouf SANOGO / AFP)

Plus de lumière sur la « déradicalisation » …. ?

En vérité, oui nous avons aussi commis quelques erreurs quand j’étais ministre de l’intérieur, nous avons créé un grand Camp à Goudoumaria dans la région de Diffa pour penser que nous y conduirons tous les terroristes qui se pendent. Nous avons mis un dispositif de rééducation « déradicalisation » comme on dit mais après nous sommes rendu compte que ces personnes n’étaient pas du tout radicalisées. La vérité c’est que les motifs en vertus desquels ils sont poussés dans le terrorisme sont de type alimentaire. Nous avons changé de réponses à Diffa, maintenant c’est une autre politique que nous sommes en train de promouvoir, ne croyez pas que tous les jeunes qui sont dans ce mouvement terroriste sont des jeunes radicalisés il y a un travail d’éducation à faire sur eux pour qu’ils changent. Non, là aussi nous avons un peu tiré les leçons de notre expérience et nous avons changé totalement de perspectives.

Au niveau du Niger, quoi qu’on dise il y a quand même 7 pays avec lesquels vous avez des frontières. On sait que c’est un genre de ceinture de feu et quand on regarde le Niger dans une dynamique de réinstallation des déplacés ou de « déradicalisation » on se demande alors quelle est la recette, qu’est-ce qui fait que ça marche ?

Ce qui fait que ça marche mieux qu’ailleurs c’est le fait que nous avons eu à faire dans les années 1990 puis dans les années 2000 à un combat contre de velléité irrigatrice de certains jeunes de communautés relevant du Niger qui avaient créé des mouvements. Vous vous souvenez des mouvements Touaregs des années 1990 qui ont repris au cours de l’année 2016. Des mouvements toubou aussi qui ont pu exister dans le nord du Niger, dans l’Est du Niger et notre armée a eu à gérer ces mouvements, faire le combat contre ces mouvements. Je pense qu’elle a acquis certaines expériences qui a été fort utile par la suite quand nous avons affaire à cette forme de violence portée par les organisations terroristes et se réclamant de l’islam depuis les années 2013 à partir du Mali. Donc je pense que c’est une de nos recettes armées qui a fait un sujet qu’elle a déjà eu à traiter ensuite évidemment nous avons eu des institutions solides déjà depuis 2007. La réponse des autorités du Niger -nous étions dans l’opposition – était différente de la réponse des autorités maliennes face au même problème. Et nous avons assumé de cet héritage du président Tandja Issifou à continuer dans le même sens. Nous avons eu une gouvernance qui a mis fin aux revendications de type irrigatrice, nous avons eu une politique d’intégration de toutes nos communautés et nous avons une base très solide. Aujourd’hui personne ne prête attention à ce que font les terroristes si non que de se soucier des effets de leur agissement. Ils n’attirent personnes, ces mouvements-là sont décriés et je pense que nous avons une très bonne cohésion nationale dans la façon dont nous gérons le terrorisme aujourd’hui et nous avons stabilisé nos institutions ce qui est très important. Le pire des choses qui puisse arriver à un Etat et qui sera avéré pour nos voisins c’est que nos institutions soient perturbées et qu’elles ne puissent plus être un Etat. Et si ce socle-là est remis en cause évidemment qu’on assiste à des unités qui sont très préjudiciables dans le contexte de combat que nos pays sont en train de mener contre le terrorisme.

Propos Recueillis en Juin 2022 par : Grassien SETONDJI

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