Mariage entre PRD et UP: L’échec personnel de Houngbédji

Frappé par la nouvelle charte des partis, le PRD est obligé de se saborder pour continuer à exister.

L’actualité politique du week-end dernier a été dominée par la réunion, samedi 6 août 2022 à Porto-Novo, entre le PRD avec l’Union Progressiste (UP) désormais dirigé par l’ancien président de la Cour constitutionnelle, le professeur Joseph Djogbénou. Au terme de cette rencontre, le parti plus que trentenaire de Me Adrien Houngbédji va se mettre ensemble avec l’Up, une jeune formation politique, pour créer un nouvel ensemble.

Cette initiative a lieu dans un contexte marqué par l’entrée en vigueur d’une nouvelle charte des partis qui, de par ses exigences, empêche certaines formations politiques de disposer d’élus au Parlement et dans les communes. En effet, pour que l’élection des membres d’un parti soit validée, il faut que celui-ci ait obtenu au moins 10% des suffrages dans toutes les régions du pays.

Aux dernières élections, le Parti du Renouveau Démocratique a été frappé par cette exigence et récemment il a milité en vain pour sa suppression. Le 28 avril dernier il avait alors plaidé sans succès pour l’allègement de cette disposition lors d’une rencontre avec le Médiateur de la République. Suite à cela, il lui reste à disparaître, à fusionner ou alors à étendre son influence au plan national. Mais se démanteler aurait été une véritable tragédie pour un parti qui, pendant trois décennies, se présentait comme faisant partie de ceux qui étaient les mieux ancrés au sein de la population. L’unique solution est donc de sauver la face en négociant un sabordage qui ne dit pas son nom. Car en réalité, si le mariage entre les deux formations est un avantage pour l’UP, il n’est pas une nécessité, le parti satisfaisant déjà aux exigences de la loi.

Quant au PRD, bien qu’étant le plus vieux parti du renouveau démocratique, il est toujours demeuré un groupe politique régional. Son aire d’influence s’est toujours limitée à Porto-Novo et ses environs, tout au mieux dans les départements de l’Ouémé-Plateau et à l’est de Cotonou. Toutes les tentatives des responsables pour aller au-delà n’ont donné que des résultats dérisoires voire nuls.

Si ce tableau est une reproduction de l’image d’autres partis comme la Renaissance du Bénin, une autre formation restée globalement régionale, il est la conséquence de la gestion ethnique ou régionaliste des partis politiques. Les instances dirigeantes du PRD ont toujours été marquées par une domination écrasante des cadres de l’Ouémé-Plateau et particulièrement par ceux de Porto-Novo. Dans le même temps, son président n’a pas réussi à préparer la relève. Le parti s’est toujours reposé sur son aura, une aura qui s’est effritée au fil du temps et suite à des positionnements politiques contestées par la base.

Aujourd’hui Me Adrien Houngbédji a réussi à convaincre un parti politique présidentiel de se marier à lui plutôt que de se dissoudre purement et simplement. Mais cette prouesse même est le résultat d’un échec personnel à bâtir un véritable parti national.

Pierre MATCHOUDO