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Livre de poche de la Boologie : Un essai du professeur Coovi R. Assogba

 Livre de poche de la Boologie : Un essai du professeur Coovi R. Assogba

Le professeur Coovi Raymond Assogba est à nouveau en librairie. Son essai ”Livre de poche de la Boologie. Manipulation de la rationalité de Sakpata” a été lancé officiellement jeudi 29 février à l’Université d’Abomey-Calavi.

L’événement a mobilisé une foule d’étudiants en sociologie-anthropologie, des ami.es, autorités religieuses et des collègues de l’auteur, à savoir Placide Cledjo, préfacié et directeur de l’École doctorale pluridisciplinaire ; Roch Houngnihin et professeur titulaire Dodji Amouzouvi, directeur scientifique du Larred, présentateur de l’ouvrage.

Livre de poche de la Boologie, sous-titré « Manipulation de la rationalité de Sakpata », est édité aux Editions Naguézé. L’essai de 215 pages est organisé en 3 parties, subdivisées au total en 20 chapitres. Dans les premières pages, l’auteur explique que ce nouveau livre est né de l’idée d’une thèse unique avec le préfacié. Projet finalement « converti en une chirurgie scripturaire : écrire plutôt un livre ; tout simplement pour toucher un plus grand nombre d’apprenants et de collègues et transcender l’activité solitaire de vouloir constituer encore un champ nouveau, là où il s’agit plutôt de convertir, de lier, de tisser la « nouvelle corde au bout de l’ancien », relève Dodji Amouzouvi.

Par le projet de thèse unique finalement reconsidéré, raconte l’auteur, les deux collègues entendaient s’acquitter d’un besoin de « raccorder » ethno-géographie ou géographie climatique, la sociologie et boologie ». Dans la collaboration, le professeur Clédjo incarne la première discipline et l’auteur, la seconde ; la boologie appréhendée comme la science de la trilogie Fa-Vodun-Boo.

Prise de conscience

Dans l’ouvrage, l’auteur dénonce l”’ethno” (ethno-géographie/ethno-climatologie) et la forte dépendance/soumission de la Sociologie-Anthropologie africaine des concepts européens. Le préfixe « ethno », observe-t-il, est la marque de l’ignorance des Blancs, de la différenciation péjorative, de l’infériorisation des savoirs africains et de la discrimination des réalités des peuples africains.

À travers l’ethno, le Blanc justifie la thèse du ”Noir sans histoire” à qui l’Europe apporte la civilisation, la science. A l’opposé, Raymond Assogba soutient que les africains connaissaient et connaissent bien la géographie, la minéralogie, la botanique, la zoologie, l’hydrographie, la biologie, la physique-chimie, la climatologie «et toutes ces prétentions par analogie introduites en Afrique, et supposées inconnues des peuples noirs », p.31

Il prône alors une prise de conscience : «découvrir, après que les scientifiques occidentaux aient introduit le néologisme ethno- géographie pour signifier la différence de climat entre l’Europe et l’Afrique, que la linguistique du mot Sakpata résout la problématique de la différence géographique. Son  opinion, partagée avec le professeur Placide Clédjo a été qu’il faut tout simplement enseigner Sakpata comme matière et connaissance; et non plus, s’engouffrer dans l’orgueil suprémaciste cartésien  d’une “ethno-géographie”».

Contre cette prétention cartésienne, Raymond Assogba a inventé la contracculturation. Une théorie qui remonte à ses années d’exil en Côte d’Ivoire lorsqu’il a fui la dictature de Mathieu Kérékou. La contracculturation vise un « rétablissement intellectuel». Les intellectuels africains sont encouragés à recourir aux «mots et notions utilisés par les populations pour substituer aux préjugés et prénotions dont s’est justifiée la colonisation comme arguments pour imposer les institutions et modes d’organisation européocentriques, les véritables institutions, normes, valeurs et artefacts parce que historiques c’est-à-dire d’invention et de créativité africaines », p.31

Ce qu’il appelle la ”rationalité de Sakpata”. Il en offre deux grandes illustrations dans le chapitre 1er dont le rite d’Ahandoxô, littéralement « mettre la boisson dans la maison », la maison des Ancêtres ou Assèn xô. La somme des faces et des dos au jet, prennent des valeurs qui vont de 1 à 16. Ce que Raymond Assogba nomme « la raison (r) de Fa » ou « la métaphysique de laquelle dérivent les notions de rationalisation de l’activité humaine », p.44. Il s’agit notamment des 16 signes-mère du Fa.

Climatologie de Sakpata”

« Pourquoi appeler ethno-climatologie la prise de conscience par les chercheurs occidentaux de la différence entre la géographie telle qu’ils la conçoivent, et la réalité de son objet en Afrique ? », moque Coovi Raymond Assogba en début du chapitre 4.

La division de l’année en 4 saisons ne répond pas aux spécificités et réalités cultuelles africaines selon l’auteur, note Dodji Amouzouvi. Puisant dans la langue Fon, le professeur Assogba remarque que les Béninois vont au-delà de la notion de pluies, de climat lorsqu’ils parlent de « Zo » par exemple. Comme quoi, dans les livres de géographie, la division du temps en 4 saisons rend plus compte des expériences des explorateurs. Par exemple : « la nomination française de « saison sèche » n’a pas inscrit dans son effort d’objectivation du climat, le mode de vie attaché aux institutions sociales comme le rite de l’igname nouvelle ; et cela dérive d’une division des tâches entre « géographes » et les « anthropologues »… alors que techniquement, « Zodji » est un critère rationnel à l’organisation du Rituel de l’igname nouvelle ; (…) ce n’est pas les pluies qui motivent cette célébration, mais le renforcement et la revitalisation des symboles qui encadrent le vivre-ensemble », écrit-il.

Il émet alors plus loin l’hypothèse que les Rituels de l’igname nouvelle font partie de la météo de Cankponna [autre nom de Sakpata, au nord Bénin], en tant que structures anthropologiques et sociologiques, philosophiques et matricielles de la vie en communauté des Béninois.

«Chaque page de l’essai de Coovi Raymond Assogba contient une richesse intellectuelle, stylistique et un intérêt sociologique. Une présentation sommaire ne pourra donc jamais tout offrir aux auditeurs qui ont tout l’intérêt à l’acquérir et surtout à le parcourir. Les champs défrichés et développés par l’auteur sont originaux, pertinents», juge le professeur Dodji Amouzouvi.  L’auteur, dit-il, appelle ici à un « changement de paradigme qui est incontournable à la responsabilité africaine de produire les pensées du Bénin pour remplacer la faible conscience des élites à imaginer une autre vision de la vie que les limites linguistiques du français».

Un champ de gêne

Dr Tanguy Agoï, chroniqueur littéraire constate que l’ouvrage du professeur Coovi Raymond Assogba s’intéresse à «un champ d’action parfois objet de gêne de la part de nous sommes allés à l’école».

Le préfacié en donne d’ailleurs l’illustration. «Certains sont étonnés de voir Placide Clédjo préfacer un ouvrage sur la Boologie parce que je suis chrétien évangélique… Car du côté des autres, on balance tout cela du côté du diable», a-t-il témoigné.

Il rappelle dans le même ordre la grosse polémique qui a suivi la soutenance du Dr Florent Hessou sur les représentations sociales de la sorcellerie. Le professeur Clédjo prône le dialogue intellectuel autour de la science de la religion. «Nous voulons rester ensemble pour construire la science de la religion pour éviter les erreurs qui consistent à traiter de diable tout ce qui n’est pas de notre bord. Nous devons éviter de traiter nos croyances de diable. Que ce soit chrétien, évangélique, catholique, Vodunsi…nous devons rester ensemble pour avoir l’équilibre social».

Dans son mot, Coovi Raymond Assogba dit se préoccuper de l’avenir de la jeunesse béninoise : comment leur offrir une palette de connaissances branchées sur leur vécu, leur environnement et à un coût moindre, adapté au pouvoir d’achat d’une monnaie de la servitude ? Enseigner Sakpata aux étudiants, les connecte avec leur environnement plus que l’ «ethno » qui reste le futur de l’effondrement des connaissances : ethno-philosophie, ethno-géographie, ethno-linguistique, etc

Sêmèvo Bonaventure AGBON

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