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L’Eglise et la culture africaine : Père Rodrigue Gbédjinou et Professeur Dodji Amouzouvi en discutent

 L’Eglise et la culture africaine : Père Rodrigue Gbédjinou et Professeur Dodji Amouzouvi en discutent

Deux courants s’affrontent depuis mai autour du rapport entre Culture et Développement dans le « débat écrit » organisé dans le cadre des cinq ans d’existence de l’Eitp relayé par Bénin Intelligent. Le premier, Père Rodrigue Gbédjinou, docteur en Théologie dogmatique, spécialiste des rapports Église et État. Dans cette initiative intellectuelle, il représente l’Eglise catholique romaine dont l’histoire de l’implantation en Afrique (mission et colonisation) est sujette à polémique. Le second, Professeur Dodji Amouzouvi, professeur titulaire de sociologie religieuse et pontife de la déité Sakpata.

En quoi l’Église peut-elle s’intéresser à la culture ? Lisez pour faire votre opinion.

Professeur Dodji AMOUZOUVI :

L’Église catholique peut et doit s’intéresser aux cultures des populations qu’elle souhaite évangéliser pour mieux les connaître, trouver la meilleure approche pour ne pas faire des chrétiens catholiques, des crétins, mais plutôt des hommes et des femmes résolument debout, fiers de leurs traditions et de leurs cultures. Traditions et cultures qui doivent changer de position dans le logiciel des acteurs de l’Église afin de dire définitivement adieu à une pastorale complexée et dénigrante, levier de destruction des cultures de l’autre, pour ouvrir des perspectives pour un dialogue interreligieux fécond. Dans cette vision-programme, l’Église doit absolument séparer et respecter la foi et la croyance des autres éléments de la culture et se garder d’investir ou de s’approprier ces éléments parce qu’elle n’en a ni le droit, ni la compétence, ni la destination. S’intéresser sans discernement ni précaution à la culture des autres, c’est corrompre sa propre foi et croyance ainsi que celles des autres. A moins que le projet ne soit cela !

Père GBÉDJINOU Rodrigue :

L’Évangile, au-delà de toute culture, s’intègre à toutes les cultures. La culture est l’âme d’un peuple. Pour toucher l’âme et susciter l’adhésion de l’homme, la foi s’intéresse à la culture en la purifiant et en utilisant les éléments de cette culture pour s’exprimer. Ce travail a été réalisé avec la culture grecque et d’autres cultures. Et pourquoi pas avec nos cultures africaines ? C’est la condition pour l’avènement d’un christianisme africain, recommandé à Kampala par Paul VI, le 31 juillet 1969. Et Ecclesia in Africa, n° 67 demande de « traiter avec beaucoup de respect et d’estime les adeptes de la religion traditionnelle, en évitant tout langage inadéquat et irrespectueux ». Vivement qu’advienne la réciprocité !

Professeur Dodji AMOUZOUVI:

L’Évangile est à la fois une culture et le produit d’une culture. Il n’est pas au-delà de toute culture. S’il s’intègre à une culture, il court le risque de se désagréger, de se désintégrer et de prendre les couleurs locales, celles de la culture qu’il intègre ou dans laquelle il s’intègre. Sauf si une fois encore, il fait le pari de détruire la culture dans laquelle il s’intègre. Une foi ne peut « purifier » (je n’aime pas ce mot que je trouve trop chargé comme le dit Hountondji parlant d’une autre problématique, je préfère dynamiser, enrichir) que la culture qui l’a inventée, secrétée, créée. Chaque fois qu’une foi s’aventure dans une autre, elle court deux risques.

  • Elle se métamorphose et devient une nouvelle foi,
  • elle conduit à une foi chauve-souris (qui n’est ni oiseau ni mammifère). Je ne distingue pas une culture grecque fondamentalement différente d’une culture judéo-chrétienne. C’est pour moi la même souche européenne.

Père GBÉDJINOU Rodrigue :

Non ! Monsieur le professeur, l’Évangile n’est pas une culture. Eh oui, c’est là toute la méprise. C’est parce que l’Évangile n’est pas culture que les juifs refusent de l’accueillir et tuent le Christ. C’est parce que l’Évangile n’est pas une culture que les Romains accèdent à la foi chrétienne après avoir persécuté des Apôtres, mais sans devenir juifs. C’est parce que l’Évangile n’est pas une culture que des Français, des Anglais, des Japonais, des Philippins, des Chinois abandonnent leur culte, deviennent chrétiens sans adopter la culture de leurs évangélisateurs. C’est parce que l’Évangile n’est pas une culture que des Africains peuvent être africains et chrétiens. C’est parce que l’Évangile n’est pas une culture, qu’il peut assumer toute culture.
Mais l’Évangile, bien accueilli, crée une nouvelle culture, une nouvelle mentalité. De son étymologie grecque, il signifie Bonne Nouvelle, pour tout peuple, toute culture. Cette Bonne Nouvelle, c’est une Personne, c’est Jésus-Christ, qui pour le chrétien que je suis, est Dieu, donc au-delà de la culture. Cela vous le savez bien, monsieur le professeur. Vous l’avez professé au moins une fois, certainement.

Professeur Dodji AMOUZOUVI :

Faux ! Cher Père, l’évangile est non seulement une culture ou plus justement un ensemble de cultures, une manière d’être et de faire qui renvoie à un peuple précis qui n’est pas le mien, il n’est pas universel, les peuples araméens du Moyen-Orient, les judéo-chrétiens. Jésus de Nazareth est un juif de Galilée roi des Judéens (INRI). Mais il est aussi l’expression d’une culture. Ecrit par des hommes précisément identifiables avec les éléments culturels, des référents qui sont les leurs. C’est des livres dans lesquels sont consignés la vie et le message de Jésus. Ce n’est pas une personne. C’est la vie et l’enseignement d’une personne racontés par d’autres. A son tour il induit une culture précise. « A way of life ! ».

Père GBÉDJINOU Rodrigue :

Monsieur le professeur, on ne peut être si péremptoire sur une question dont on n’a pas la maîtrise suffisante. L’Évangile signifie Bonne Nouvelle. Et Jésus est la Bonne nouvelle pour tous les peuples : il a porté de manière unique cette prétention à l’universalité : « Sauveur du monde » ; « lumière du monde ». « Il n’y a aucun nom donné aux hommes par lesquels ils puissent être sauvés » (Ac 4, 12) ; « Je suis le Chemin, la Vie, la Vérité » (Jn 4, 16). Je ne vous oblige pas à y adhérer ; mais tout au moins, vous pouvez faire l’analyse des textes bibliques. Des revêtements culturels ont servi certes à leur rédaction, mais le cœur du message n’est pas culturel. Il dépasse même la culture juive. Ce message peut se servir aussi des revêtements culturels africains. L’Évangile annoncé par les missionnaires n’a pas été écrit dans leur milieu non plus. Ils avaient leurs cultures et leurs cultes. Mais ils ont accueilli l’Évangile.

Source Bénin Intelligent

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