Fronde contre la révision de la constitution : Des craintes de trahison dans l’opposition

Les dés sont désormais lancés et plus rien ne semble arrêter les partisans de la relecture de la constitution. Le 26 janvier 2024, Assan Seibou, député du Bloc Républicain, a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi à cet effet, avec le soutien de ses collègues de l’UPR. Le processus est donc bel et bien lancé et rien ne devrait l’arrêter. Quant à l’issue, des doutes subsistent tellement le projet a suscité une salve de réactions négatives.

Dans son ensemble, l’opposition a fait savoir, à maintes reprises son refus de donner sa bénédiction à la relecture de la Constitution. Elle peut, pour cela, compter sur les 28 députés dont elle dispose au Parlement et qui sont tous membres du parti Les Démocrates. Absent de l’Assemblée nationale, le parti Fcbe a mandaté les députés Démocrates pour faire obstacle à toute velléité révisionniste. Et, dans un ralliement ultime, les partis de l’opposition ont non seulement enterré la hache de guerre pour dire leur opposition au projet de la mouvance.

Avec cette détermination, il semble évident que la constitution ne sera pas révisée puisque l’opposition dispose d’une minorité de blocage. En plus, au sein des deux partis présidentiels que sont le BR et l’UPR, certains députés osent soulever des objections par rapport à ce projet.

A chaque fin de mandat depuis le début des années 2000, la question de changement de constitution revient à la table. Vu ce timing, les présidents sous lesquels ce projet est initié sont suspectés de vouloir procéder à un tripatouillage en vue de se maintenir au pouvoir. Cette année 2024 n’échappe pas à cette suspicion, le deuxième mandat de l’actuel chef d’Etat arrivant à terme l’année prochaine. Ce dernier a beau s’en défendre, comme ses prédécesseurs, rien n’y fit.

En dépit du rejet par l’opposition et par une large frange de l’opinion publique, les initiateurs du projet de révision continuent de foncer, ce qui suscite des inquiétudes chez certains acteurs politiques. Sur quoi comptent les partisans de la révision alors que tout montre qu’ils vont échouer ?

D’après des analystes, la seule issue pour parvenir à adopter la proposition de loi est d’acheter le vote des députés de l’opposition. Une probabilité a priori impossible mais lorsqu’on sait qu’au Bénin la trahison n’est jamais loin de la politique, nul ne sera finalement surpris d’une issue aux antipodes de l’attente de l’opposition et des Béninois.

Pierre MATCHOUDO