Enseignement secondaire: Faut-il réformer le BAC ?

Hérité de la colonisation, le baccalauréat (BAC) est un examen qui fait plus peur qu’il n’est utile.

Les épreuves du BAC 2023 démarrent ce matin sur toute l’étendue du territoire national. Les candidats, chaque année plus nombreux, auront à plancher sur plusieurs matières durant trois jours. Hérité du système scolaire français, cet examen prestigieux en France et dans ses colonies, a cependant commencé à susciter des débats. La France qui l’a institué a déjà sauté le pas en procédant à des réformes profondes pour se conformer à l’évolution des connaissances et rester compétitif dans le monde. Si l’appellation Baccalauréat est restée, le diplôme est désormais délivré sur la base à la fois de l’épreuve subie le Jour-J de l’examen et du contrôle continu.

On le sait, l’examen du baccalauréat est une véritable épreuve de nerfs pour les candidats. Après treize années d’études, le sort des élèves va se décider sur les seules épreuves du jour. Cette perspective qui génère tension et stress sont autant de sources d’échecs souvent massifs. La situation est d’autant plus préoccupante qu’au Bénin le niveau d’exécution des programmes scolaires n’est pas le même d’un collège à l’autre et qu’il manque parfois de professeurs dans telle ou telle autre matière.

Les efforts personnels de l’actuel directeur de l’Office du Bac, Alphonse da Silva, ont permis d’améliorer le tableau et d’obtenir désormais des taux de réussite assez élevés. Dans les années 1980, il fut des sessions qui ont donné entre 8 et 20% de réussite, ce qui est une véritable contre-performance du système. Malgré les progrès de ces dernières années, la question de la réforme du BAC ou même de sa persistance se pose.

En effet, à quoi sert vraiment ce diplôme ? Il sert à tamiser et à laisser pour compte tous ceux-là qui n’auront pas eu la chance d’être dans de bonnes dispositions le jour de l’examen. Dans certains pays parmi les plus développés, le concept même de baccalauréat comme diplôme de fin d’études secondaires n’existe pas. C’est le cas des Etats-Unis qui est la première puissance du monde. Là-bas, c’est chaque école secondaire qui délivre des diplômes permettant d’accéder à l’enseignement supérieur. Dans une cérémonie solennelle, les élèves de 18 ans reçoivent leur parchemin qui est basé sur le contrôle continu durant toute l’année. De toutes les façons, il n’y a même pas de redoublement.

Et pourtant, si un « expert » américain arrive au Bénin, aucune autorité ne peut l’empêcher d’exercer son travail sous prétexte qu’il n’a jamais obtenu son baccalauréat. Beaucoup rêvent d’aller étudier dans les universités américaines réputées les meilleures du monde, des universités où les professeurs et les apprenants ne sont pas passés par l’épreuve du bac.

Créé il y a plus de deux siècles, le baccalauréat a pris de l’âge et ne répond plus aux exigences du monde moderne car enfermant les jeunes en devenir entre « doués » et « cancres », ce qui est une fausse perception des potentialités de l’être humain.

Pierre MATCHOUDO