Elections législatives du 08 janvier 2023: La hantise des 10%

Instant de fête mais aussi instant d’angoisse pour des partis en quête de 10% au plan national, les trois jours de campagne qui séparent les électeurs du scrutin législatif du 8 janvier prochain sont déterminants. Aussi les chassés croisés se multiplient-ils sur le terrain, avec des promesses les unes plus fallacieuses que les autres.

A mesure que la date fatidique approche, des partis politiques parmi les plus importants se rendent compte de ce qu’ils risquent d’être recalés au décompte final. La cause réside dans le code électoral qui stipule que tout parti n’ayant pas obtenu un score de 10% de suffrage dans l’ensemble du pays ne se verront attribuer aucun siège, quel que soit leurs résultats régionaux.

Pour rappel, le défunt parti PRD de Me Adrien Houngbédji avait été frappé par cette mesure malgré son emprise sur les départements de l’Ouémé et du Plateau. Sans doute cette mauvaise fortune a compté dans la décision de fusionner le parti dans l’Union Progressiste qui a eu lieu en cette année 2022.

D’ores et déjà, les électeurs semblent divisés en trois grands groupes, ce qui oblige les petits fretins à lutter pour leur survie. D’un côté, il y a Les Démocrates. Parti dont la présidence d’honneur est assurée par l’ancien président Yayi Boni, sa direction exécutive est confiée à Eric Houndété, un acteur expérimenté et dont la probité fait l’unanimité dans toutes les tendances politiques. Du fait du positionnement géographique de ses dirigeants et de l’aura du président Yayi Boni, les Démocrates sont parmi les partis ayant une assise vraiment nationale.

En face, l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR) sont deux partis jumeaux, nés au pouvoir et par la volonté du président de la République, Patrice Talon. Leur discours de campagne est donc le même et, par conséquent, ils ne peuvent que se partager un même électorat. De plus, les deux formations se vouent une concurrence féroce sur le terrain sous fond de rancœurs suscitées par le débauchage des militants de l’un par l’autre. Sur le terrain donc, les candidats de ce bloc gouvernemental sont obligés de se combattre mutuellement pour être assurés d’être élus. En plus de cette entreprise d’autodestruction, Les Démocrates développent sur le terrain des thèmes de campagne qu’ils arrivent suffisamment à contrer. S’ils n’ont véritablement pas d’inquiétudes face au spectre des 10%, le risque est là tout de même qu’à force de scier la branche sur laquelle ils sont assis, il pourraient connaître une chute douloureuse.

Quant aux autres partis, obtenir le score requis relève pour l’heure plutôt du miracle. Les FCBE, jadis parti national et plus connu parmi les petits, se bat pour exister face des Démocrates qui ne sont qu’une de leurs factions dissidentes. S’ils se déclarent de l’opposition, leurs adversaires font un autre portrait d’eux, ce qui les dessert auprès des électeurs.

Pierre MATCHOUDO