Diplomatie : Talon dans une nouvelle dynamique

Après des années de contre-performance, le président Talon a enfin décidé de donner un nouveau tournant à sa diplomatie, cela à deux ans de la fin de son dernier mandat.

Après son élection en 2016, Patrice Talon n’a pas manqué de subir des critiques à propos de l’état de ses relations avec ses homologues étrangers et du positionnement du Bénin sur l’échiquier international. Le chantre de la Rupture venait de remplacer Yayi Boni, un président hyperactif qui ne manquait aucune rencontre internationale et qui était régulièrement en visite officielle à l’étranger. De 2006 à 2016, les Béninois ont été habitués à une valse de visite à Cotonou de chefs d’Etats et de hautes personnalités étrangères.

Le style de gouvernance du nouvel élu tranchait simplement avec celui de son prédécesseur. Absent des sommets de chefs d’Etat de l’Union africaine et des autres organisations, le président du Bénin n’avait pas non plus eu l’honneur de voir défiler ses homologues. Beaucoup de commentaires avaient été faits à cet effet. Ainsi, des analystes ont attribué cet état de fait à la poursuite et à la série d’arrestations d’opposants proches de Yayi Boni. L’on se souvient que durant le premier quinquennat, l’une des rares personnalités à fouler les pieds au Bénin furent la présidente de la Suisse. Ce qui avait beaucoup surprit le Bénin et la Suisse n’étant pas particulièrement proches diplomatiquement.

Certains revers diplomatiques étaient survenus pour renforcer l’opinion de ceux qui étaient convaincus que le président du Bénin n’était pas bien vu par ses pairs. Au nombre de ceux-ci, lors d’une visite officielle en France en 2017, Patrice Talon n’avait pas pu rencontrer son homologue Emmanuel Macron. « Incompatibilité de calendrier », avait-on justifié. L’un des tout-derniers ratés fut l’inauguration de la plus grande raffinerie de pétrole à Lagos au Nigéria, soit à 100 kilomètres seulement de Cotonou. Par la suite, le ministre des affaires étrangères a été limogé.

Depuis, le Bénin semble entré dans une nouvelle dynamique. Les relations avec le Nigéria, franchement mauvaises ces dernières années, connaissent un regain de dynamisme. Bola Tinubu, nouveau patron d’Abuja et Patrice Talon se sont déjà rencontrés au moins à trois reprises, à Paris, Abuja et Bissau en Guinée Bissau. De même, le super-puissant homme d’affaires nigérian Aliko Dangoté a été reçu par Patrice Talon pour fumer le calumet de la paix et ainsi enterrer une guéguerre préjudiciable au Bénin.

Mais bien avant la nomination d’un nouveau patron à la tête du ministère des affaires étrangères, les signes annonciateurs du changement se sont fait sentir avec la visite du président du Niger, Mohamed Bazoum venu à Cotonou pour inaugurer le terminal du pipeline devant acheminer le pétrole brut de ce pays à la mer. Quand bien même le réveil semble tardif, tout laisse croire que le président Talon est décidé à laisser à son successeur un pays connecté au reste du monde.

Pierre MATCHOUDO