Business de la solitude : L’Afrique va-t-elle subir la même finalité ?

Dans une société où apparaître seul en public, à certaines occasions équivaut à un déshonneur. La location d’êtres humains permet à certaines personnes de ne pas perdre la face. Cette pratique, déjà ancrée dans les habitudes sous d’autres cieux, pourrait-elle contaminer  l’Afrique?

Au Japon, cette pratique est fréquente. Les horaires de travail à rallonge ne facilitent pas les loisirs. Et les relations professionnelles se muent rarement en amitiés. Ce qui a donné une idée de business à certains Tokyoïtes. Des gens se donnent rendez-vous pour papoter moyennant une somme, soit 40 euros l’heure. Ou encore, raconter sa vie à une inconnue pour se vider, avec la certitude de n’être ni jugés ni critiqués. Il y a aussi l’imposture qui consiste à endosser le costume de n’importe qui afin de jouer le rôle du père, de faux mari, du patron, du collègue, ou d’un ami pour accompagner telle ou telle personne à un événement (mariage, sortie en soirée ou autres).

Cette pratique émane de la peur d’être jugée. Conséquence, des rencontres tarifaires entre soutien psychologique et amitié éphémère sont devenues monnaies courantes au point où la solitude est devenue un business qui intéresse même des entreprises. Il n’y a que l’amitié qui est à vendre, des amis à louer pour se confier ou se libérer d’une situation ou d’un problème. Et le business de la solitude est la pratique qui prend de la valeur. On a inventé l’amitié en CDD. Sur les sites, on trouve les meilleurs amis pour tous les goûts.

L’Afrique va-t-elle subir la même finalité d’ici quelques années ? Tout porte à croire. Le manque de confiance dans les relations, même amicales ou familiales, l’individualisme étant devenu presque la norme.  En plus, la situation socio-professionnelle et le manque d’autonomie sont les principaux facteurs qui déclenchent la solitude. La vieillesse, le handicap, une période de chômage, des problèmes familiaux, une addiction aux réseaux sociaux, une rupture amoureuse, une maladie…  Des raisons qui sont multiples et bien présentes en Afrique. En fin,  la course effrénée aux gains et aux matériels détruit à petit feu la société africaine qui est traditionnellement basée sur la chaleur et les valeurs humaines. Toutes choses qui doivent revenir dans les habitudes  et prendre le dessus sur la solitude qui est très dangereuse et très additive.

Patrice ADJAHO