Bureau d’Embauche Unique: La paupérisation des Dockers ?

La situation des dockers du Port Autonome de Cotonou empire. C’est ce qu’a révélé Bénin Intelligent après une immersion dans le secteur suite au décès d’un tâcheron le dimanche 15 octobre 2023. Selon les témoignages recueillis par nos confrères, « ça ne va pas du tout » dans le rang des dockers

Si le métier de dockers était loin de nourrir son homme, la situation s’est empirée depuis peu. Deux principales raisons expliquent la dégradation de la situation des dockers à les entendre. L’instauration du Beu et la baisse des activités au Port autonome de Cotonou. Selon les témoignages recueillis auprès des tâcherons, plus rien et rien ne va. La première est l’instauration, annoncée, du Bureau d’Embauche Unique (BEU). Crée en conseil des ministres le 14 septembre 2022, le BEU, outre l’embauche de main-d’œuvre docker à mettre à disposition des ports maritimes et ports secs en République du Bénin, est garant des conditions de travail des tâcherons. Il doit leur offrir des avantages à la hauteur des efforts fournis. « En plus des nombreux avantages sociaux (sécurité sociale, couverture maladie, assurance santé, etc.) et salariaux, les dockers pourront bénéficier d’accès au crédit bancaire, de formations adaptées qui garantissent leur sécurité, d’équipements de protection individuels », a renseigné un communiqué du Port autonome de Cotonou informe Bénin Intelligent. Seulement que les dockers disent n’avoir jamais bénéficié desdits avantages. « Le Bureau d’embauche unique est loin de combler leurs attentes » rouspètent-ils. Du moins, le bureau transitoire mis en place puisque, le BEU n’est pas encore opérationnel. Non seulement, les dockers voient le nombre d’heures de travail diminuer, ils constatent aussi un traitement différencié salon les tranches horaires.

« Depuis l’avènement de Bureau d’Embauche Unique (BEU), nous travaillons par rotation. Le groupe A, commence à 7h et descend à 23h pour laisser place au groupe B qui conduit jusqu’au lendemain 7h.

Les tâches sont distribuées à partir de 6h pour ceux qui vont commencer à 7h. Du coup, il faut être là bien avant 6h. Pour quelqu’un comme moi qui quitte Togba, il faut se lever à 4h pour pouvoir être à l’heure car lorsqu’on fait appel et tu n’es pas à l’heure, quelqu’un d’autre te remplace (…) Les tarifs du BEU sont différents de ceux de la Sobemap. Avant on était payé les jeudis selon le nombre de fois que nous avons travaillé dans la semaine. Mais avec le BEU, les matins nous sommes payés à 3900F (7h à 15h), de 15h à 23h, on est payé à 4100F et la nuit (23h à 7h) à 4300F (…) Les âges varient ici. 34 ans, 35 ans, 36 voire 38ans. Alors qu’à 60 ans nous devons aller à la retraite. Nos supérieurs sont à 400 000F ou 600 000F alors que nous qui sommes les vrais travailleurs, nous formons les premières mains d’œuvre et on refuse de nous payer. Avant nous recevons nos sous en mains propres mais maintenant c’est à la banque nous allons», explique Cosme A, chef de groupe de dockers.

La rareté des navires au Port

Le coup de massue reçu par les dockers vient de la conjoncture qui s’observe. Le Port autonome de Cotonou est de moins en moins fréquenté. Les navires se font désirer. « Nous venons ici en vain. Depuis un mois, c’est avant hier que nous avons reçu un navire. Je ne sais pas quand est-ce qu’on aura la chance de travailler la prochaine fois afin de nourrir nos familles respectives. Sinon c’est en octobre que viendront quelques divers; c’est ce que j’ai appris » confie un docker. A en croire les dockers interrogés par nos confrères de Bénin Intelligent, le Port de Cotonou « tourne davantage au ralenti avec la crise nigérienne ». Le Bénin ayant fermé ses frontières suite au putsch intervenu en juillet 2023. Avant la crise politique, plus de 1000 camions en provenance du port de Cotonou franchissent au quotidien la frontière entre les deux pays. Le cas Coffi, le tâcheron décédé, symbolise la situation des dockers au Port autonome de Cotonou. Le conducteur d’engin au port de Cotonou vit une situation précaire. La corporation des dockers n’a pas de convention en République du Bénin. «L’ensemble des dockers demandent au chef de l’État de penser à leur situation sociale ».

La Rédaction