Soutien aux putschistes : Quand le peuple se trompe de combat

Déjà sur le banc des accusés au Mali et au Burkina Faso, la France est au centre de la controverse au Niger depuis le coup d’Etat du 26 juillet fomenté par le chef de la garde présidentielle de ce pays. Rendue responsable de tous les maux, l’ancienne puissance coloniale est priée de plier bagages. Pour légitimer leur exigence, les putschistes de ces pays s’appuient sur les réseaux sociaux, en l’occurrence WhatsApp qui est un véritable phénomène de société au sein de toutes les couches de la population.

Pour rallier le maximum de soutien, les putschistes n’hésitent pas à recourir à de fausses informations, souvent accompagnées d’images manipulées. Et ils ont à leur secours des activistes se réclamant de la nébuleuse panafricaniste, dont la plupart vivent en France et qui pourtant présentent leur pays d’accueil comme le principal ennemi de l’Afrique.
Dans ce contexte, les coups d’arrêt portés à la démocratie sont présentés comme la solution aux maux dont souffrent les populations. « Les Nigériens vont enfin manger à leur faim », s’exclamait naïvement un utilisateur de WhatsApp, au lendemain du putsch, montrant ainsi son ignorance de l’histoire de ce pays marqué par plusieurs coups d’Etat.
En fait, les putschistes et leurs appuis surfent sur l’inculture de la masse à laquelle ils s’adressent. Et, toutes les voix dissonantes sont forcées de se taire comme cela est déjà arrivé à plusieurs reprises durant ce dernier mois au Niger. Depuis le 26 juillet, le Niger est plus divisé que jamais. Les manifestations de soutien organisées à coup de grands moyens ainsi que la propagande sur les réseaux sociaux cachent mal cette réalité.
Le Niger est le quatrième pays de l’Afrique de l’Ouest à tomber sous la coupe des militaires au cours de ces dernières années. Au Mali et au Burkina où la raison invoquée est l’inefficacité des gouvernements démocratiquement élus contre le djihadisme, le constat est que la situation sécuritaire n’a pas évolué dans le sens positif. Au contraire, désormais, aux terroristes s’ajoutent les milices autorisées par ces deux Etats qui profitent de cette situation pour procéder à des nettoyages ethniques. Ainsi, désormais, il ne fait plus bon d’être Peulh dans ces deux pays. A terme, c’est la cohésion nationale qui est en jeu.
Eviter que le Niger tombe dans ce piège, c’est le combat de la CEDEAO auquel toute la classe politique de ce pays devrait se joindre car, au-delà de tout, un coup d’Etat a rarement profité à l’opposition, quelle que soit la qualité de la gouvernance du président déchu

Pierre MATCHOUDO