Les femmes dans le débat politique à l’Assemblée Nationale : Un silence assourdissant et intrigant

Si les femmes constituent aujourd’hui une proportion importante de l’Assemblée nationale, malheureusement leur niveau de participation aux débats reste encore très faible.

Malgré de longues années de lutte, la parité hommes femmes est encore loin d’être une réalité dans plusieurs secteurs de la vie sociale. Cela l’est encore plus en politique. Au Bénin, déjà la constitution adoptée dans les années 1990 déclarait que l’homme et la femme sont égaux… en droit. Cette reconnaissance des capacités de la gent féminine a été reprise sous diverses formes par les lois fondamentales qui ont suivi.

Au plan économique, les femmes béninoises ont parcouru un long chemin. Sous l’ancien régime, le président Yayi Boni avait fait de celles-ci le pilier du développement. Elles étaient alors privilégiées dans l’obtention des micro-crédits, allant jusqu’à plus de 80% des bénéficiaires de certaines agences. Ce choix volontariste, les autorités d’alors l’expliquaient en affirmant que l’argent de la femme sert prioritairement aux besoins du ménage au moment où, pour sa part, l’homme dépense au-dehors avec ses amis. Aujourd’hui encore, malgré le changement de régime, les femmes constituent l’essentiel du portefeuille des agences de microcrédits.

En politique, la principale revendication des femmes est une plus grande participation aux instances de prises de décisions. Si le chemin est encore loin pour parvenir à une parité, le président Patrice Talon a pris un décret pour fixer le nombre minimum de femmes à l’Assemblée nationale. Déférant à cette décision, les partis ont fait élire au total 29 députées sur les 109 que compte la 9ème  mandature du Parlement inaugurée en 2023.

Malheureusement, depuis leur élection, on ne les entend guère lors des débats. Leur présence semble plutôt relever de la figuration que d’une participation de qualité. Cette situation contraste avec les anciennes mandatures caractérisées par la présence de peu de femmes mais au cours desquelles le petit nombre de députées tenaient en respect leurs collègues mâles. Qui peut oublier une certaine Rosine Soglo, une femme d’âge avancé, dont la personnalité et la qualité des interventions forçaient le respect de tous.

Le cas de cette ancienne Première Dame et de ses collègues d’alors prouve, s’il en est besoin, que la situation des femmes n’évoluera réellement que par la voie du mérite. En effet, si toute avancée, même dictée par les lois, reste louable, il reste que le respect, pour sa part, ne viendra que lorsque les femmes auront prouvé qu’elles peuvent faire autant ou mieux que les hommes.

Pierre MATCHOUDO