Promesses de développement au Bénin : Où en est-on 9 ans après ? 

Le jeudi 8 avril 2021, Porto-Novo vibrait au rythme d’une foule en liesse au stade Charles De Gaulle. Des milliers de personnes étaient venues exprimer leur soutien à Patrice Talon, alors candidat à sa propre succession, en lui assurant que la victoire était déjà acquise pour le 11 avril. Et cela a été effectif. 

Il urge de faire un retour sur l’enthousiasme de 2021 et parler du bilan social actuel. Dans son discours de campagne du 8 avril 2021 sur la terre des Aïnonvi, le président Talon  avait alors promis un développement tangible, visible dans le quotidien des Béninois : « Le développement sera bientôt l’affaire de chacun à sa porte, vu dans sa maison, vu dans sa poche et vu dans son ventre. Nous en sommes capables. Nous en avons les moyens. Maintenant, nous avons la volonté. Plus rien ne nous fait peur. Plus rien ne nous dépasse ! »  Une déclaration forte, assortie d’une conviction inébranlable : « Nous allons nous élever et nous développer comme les autres l’ont fait. » 

Il urge de faire un retour sur l’enthousiasme de 2021 et parler du bilan social actuel. Dans son discours de campagne du 8 avril 2021 sur la terre des Aïnonvi, le président Talon  avait alors promis un développement tangible, visible dans le quotidien des Béninois : « Le développement sera bientôt l’affaire de chacun à sa porte, vu dans sa maison, vu dans sa poche et vu dans son ventre. Nous en sommes capables. Nous en avons les moyens. Maintenant, nous avons la volonté. Plus rien ne nous fait peur. Plus rien ne nous dépasse ! »  Une déclaration forte, assortie d’une conviction inébranlable : « Nous allons nous élever et nous développer comme les autres l’ont fait. » 

Neuf ans plus tard : le panier de la ménagère toujours sous pression 

Depuis quelques années, le Bénin affiche des taux de croissance économique parmi les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest. Le gouvernement met en avant des réformes ambitieuses, des infrastructures modernisées et une attractivité accrue pour les investisseurs. Mais une question persiste : les citoyens ordinaires ressentent-ils concrètement ces progrès dans leur quotidien ?  En effet, selon les institutions financières internationales, le Bénin a enregistré une croissance moyenne d’environ 6 % par an ces dernières années, portée par des secteurs comme le coton, les transports et le numérique. Cependant, cette progression ne se traduit pas toujours par une amélioration tangible des conditions de vie pour tous.  Et pour cause, si des projets structurants (routes, infrastructures, digitalisation) ont été réalisés, le quotidien des ménages reste difficile. L’inflation, la hausse des prix des denrées de base et le chômage persistent, laissant beaucoup dubitatifs quant à l’amélioration promise.  Par exemple pour bon nombre de Béninois, certaines villes ont changé de couleur et des réformes structurantes de qualité ont été opérées. Par contre dans leur maison, si des projets routiers et immobiliers transforment le paysage urbain, l’accès au logement décent reste un défi pour beaucoup, dans leur poche, c’est le chômage et le sous-emploi qui touchent une partie importante de la jeunesse, malgré les créations d’emplois dans certains secteurs. Dans leur ventre également,  l’inflation, notamment sur les produits de première nécessité, érode le pouvoir d’achat des ménages. 

Bientôt la cuisson ?

« L’argent ne circule pas aujourd’hui contrairement à hier », a admis le porte-parole du gouvernement, il y a de cela quelques mois. Mais, selon lui, cette situation est due au fait que la qualité des routes réalisées était  mauvaise et que l’ancien pouvoir investissait peu dans les cantines scolaires. Poursuivant son argumentaire, il avait affirmé que « l’argent qui circulait avant quand le président se déplace tous les week-ends où on vous donne 1000f, 2000f, c’est l’argent qui fait le goudron, c’est l’argent qui fait les cantines scolaires, c’est l’argent qui fait l’eau, qui fait l’électricité… »

Quel que soit le narratif, il est difficile aujourd’hui de justifier pourquoi les Béninois ont faim alors qu’ils étaient rassasiés, il y a huit ans. Cela d’autant plus que, lors de son premier mandat, le chef de l’Etat avait invité les Béninois au calme, affirmant comprendre que quand on a faim et que la marmite est sur le feu, on est impatient. A la fin du dernier mandat, la marmite semble être toujours sur le charbon ardent

Certes, le Bénin est sur une trajectoire positive, mais le vrai défi reste la redistribution équitable des richesses. Si des efforts sont visibles, beaucoup estiment que les retombées économiques profitent encore trop à une minorité.  Par conséquent, pour que les Béninois voient réellement le développement « dans leur maison, leur poche et leur ventre », il faudra donc renforcer les politiques sociales et l’inclusion économique. 

Damien TOLOMISSI