Parakou : De grands travaux à l’approche des élections

 Parakou : De grands travaux à l’approche des élections

Parakou, la plus grande ville du nord du Bénin et troisième ville à statut particulier, connaît depuis quelques semaines un regain d’activités dans le secteur des infrastructures routières. Après des années d’annonces sans suite, le bitumage de plusieurs axes routiers stratégiques de la ville a enfin démarré. Une initiative qui suscite autant d’espoir que de scepticisme parmi les habitants.

Parmi les rues concernées, on compte notamment l’axe Zongo-Ganatobua, la voie menant au quartier Dokparou et celle reliant le carrefour Camp-Adagbé à Wansirou. Des artères jadis en état de dégradation avancée, jonchées de nids-de-poule et de crevasses, qui rendaient la circulation particulièrement pénible, surtout en saison de pluies. Certains tronçons étaient même devenus totalement impraticables, contraignant les usagers à d’interminables détours.
Si les habitants saluent le lancement de ces travaux tant attendus, beaucoup s’interrogent néanmoins sur le timing de leur démarrage. En effet, la coïncidence avec l’approche de l’élection présidentielle de 2026 n’échappe à personne. Pour plusieurs observateurs de la vie politique béninoise, Parakou semble n’avoir d’importance aux yeux des autorités que lors des périodes électorales.
« Chaque fois qu’une élection approche, on voit des engins sur nos routes. Et après les élections, c’est le silence complet jusqu’à la prochaine campagne », déplore M. Idrissou Sabiou, un commerçant du quartier Zongo. « On nous prend pour des moutons. Mais cette fois-ci, ça commence à bien faire », ajoute-t-il avec amertume.
La situation est d’autant plus frustrante pour les habitants que, pendant ce temps, d’autres villes du pays, notamment Cotonou, bénéficient de projets d’envergure en dehors des périodes électorales. Des marchés modernes y ont été construits dans presque chaque grand quartier, tandis qu’à Parakou, le seul marché moderne dont la ville dispose , les populations espèrent toujours la finition des travaux. À ce jour, ses portes restent toujours fermées, alimentant ainsi les suspicions sur une éventuelle inauguration opportuniste à l’approche de la campagne électorale.

Historiquement, Parakou a souvent été marginalisée dans les projets de développement, et ce depuis la Révolution marxiste-léniniste de 1972. Réputée rebelle sous plusieurs régimes, la ville a payé cher son opposition politique. Même sous la présidence de Yayi Boni, originaire de la région, les investissements majeurs se sont faits rares, le président craignant de donner l’image d’un favoritisme régional.
Aujourd’hui, alors que les engins de travaux publics envahissent certains quartiers, les habitants oscillent entre satisfaction et exaspération. Si l’amélioration des routes est évidemment la bienvenue, nombreux sont ceux qui dénoncent ce qu’ils appellent un « chantier électoral », destiné davantage à séduire l’électorat qu’à répondre durablement aux besoins de la population.
À moins d’un an de la présidentielle, Parakou reste donc vigilante, espérant que cette fois-ci, ces initiatives ne s’arrêteront pas aux simples calculs politiques, mais qu’elles s’inscriront dans une véritable dynamique de développement au profit de ses habitants.

Pierre MATCHOUDO

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