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Macron au Bénin:Terrorisme et démocratie au menu

 Macron au Bénin:Terrorisme et démocratie au menu

Pour sa tournée africaine de cette période caniculaire de 2022 en France, le président Emmanuel Macron viendra sans doute respirer l’air frais de Cotonou, mais aussi discuter des questions relatives au terrorisme et à la démocratie.

Deuxième étape de sa première tournée africaine depuis sa réélection en juin dernier, le président français, Emmanuel Macron sera au Bénin le 27 juillet 2022. Dans les arcanes du pouvoir, on se réjouit de cette arrivée à juste titre. Depuis l’élection du président Patrice Talon en 2016, c’est la première fois qu’un chef d’Etat d’un pays aussi important foule le sol du Bénin. Nombre d’opposants avaient jusqu’ici souligné ce qu’ils estiment être une mise à l’écart diplomatique tout en faisant observer que les précédents chefs d’Etat avaient eu l’honneur de recevoir, à Cotonou, d’illustres personnalités comme le Pape, le président des Etats-Unis ou de la France.
Mais, au-delà de cette guéguerre entre laudateurs et pourfendeurs du régime Talon, il ressort que les deux pays, le Bénin et la France ont besoin que cette visite ait lieu. Pour la partie béninoise, ce sera l’occasion de redorer le blason et de se donner encore plus de légitimité à un moment où le Bénin est en train de sortir d’une période où les élections ont été contestées.

Libertés et démocratie, il en sera justement question au cours de ce court séjour d’Emmanuel Macron. Dans une tribune collective publiée en janvier 2022 à Paris, 16 députés français demandaient au gouvernement de leur pays d’exercer des pressions sur le président béninois afin d’arrêter la poursuite des opposants dont les principaux leaders ont dû partir en exil. Cette tribune fait suite au retrait du Bénin de la liste française des “pays sûrs”, c’est-à-dire de ces pays dont les ressortissants ne peuvent demander l’asile politique en France parce que respectueux des principes de la démocratie.
Au-delà de cette question propre à la politique interne du pays hôte, Emmanuel Macron vient pour chercher un appui auprès de son homologue. Le terrorisme qui frappe de plus en plus dans le nord du Bénin lui en donne l’occasion. Chassée du Mali, en situation délicate avec le Burkina Faso, la France a besoin d’un allié sûr pour ses opérations militaires dans le Sahel. Les troupes de l’opération Barkane qui opéraient au nord du Mali ont dû être exfiltrées vers le Niger, essuyant au passage l’agressivité d’une jeunesse burkinabé craignant de les voir s’installer sur leur sol.
Bien avant la rencontre entre les chefs d’Etat, l’ambassadeur de la France a toutefois tenu à préciser que l’objectif de son pays n’est pas d’installer une base au Bénin. A l’occasion de la fête du 14 juillet, fête nationale de la France, Marc Vizy a déclaré qu’il “n’y a pas de base française au Bénin et il n’est pas prévu qu’il y en ait. Les militaires français que vous pouvez occasionnellement croiser, avec leur camarades béninois, sont à, l’exception d’une poignée de coopérants, de passage, soit pour assurer des formations, soit pour organiser les flux logistiques de l’opération Barkhane que les autorités béninoises facilitent”.
Mais cela n’empêche qu’une forme de présence soit envisagée, notamment celle d’instructeurs quand bien même ces derniers n’ont jamais prouvé leur capacité à former des militaires africains qui connaissent mieux leur terrain. Le Mali en est en effet un exemple palpable.
Depuis l’enlèvement de deux touristes français et de leurs guides béninois en mai 2019 dans le parc de la Pendjari, la France a commencé à s’intéresser de près à l’extension des activités terroristes vers ce pays côtier jusqu’alors réputé en être en marge de la tourmente qui embrase le Sahel. Après cet incident, des attaques terroristes se sont poursuivies, plaçant ainsi le Bénin au cœur de la lutte contre les mouvements djihadistes.
Au regard de cette réalité, la préoccupation principale du président français est d’abord la sécurité, tout comme d’ailleurs le sujet est à l’ordre du jour dans les deux autres pays qu’il compte visiter. Au Cameroun, le nord connaît l’incursion des groupes islamistes tandis que dans l’Ouest, ce sont des indépendantistes qui troublent la quiétude du pouvoir. Si la Guinée Bissau semble loin de ces remous, il ne demeure pas moins qu’il est une plaque tournante du trafic de la drogue en provenance de l’Amérique du sud et à destination de l’Europe.

Pierre MATCHOUDO

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