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Audit du fichier électoral : Pourquoi un ” Non ” expressif des partis de la mouvance

 Audit du fichier électoral : Pourquoi un ” Non ” expressif des partis de la mouvance

La proposition d’audit du fichier électoral que porte le Cadre de concertation de l’opposition ne convainc pas les partis politiques de la mouvance. C’est du moins ce qui ressort des “non” que Eugène Azatassou et ses camarades reçoivent comme réponse depuis peu. Après l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR), c’est au tour de la Renaissance Nationale (RN) de Claudine A Prudencio de dire niet à l’offre du Cadre de concertation des partis et mouvements politiques de l’opposition.

Le 27 novembre 2023, le Président de la République, Patrice Talon, a échangé avec une délégation du parti ”Les Démocrates” conduite par Boni Yayi. Lors des échanges, le Chef de l’État avait promis à ses interlocuteurs de tout mettre en œuvre pour la transparence dans l’organisation des élections générales de 2026. Il a même demandé au parti de Boni Yayi de prendre le lead de l’initiative et l’en informer en retour. « Je suis d’accord pour que vous auditiez le registre national d’état civil, y compris le logiciel d’extraction de la liste électorale. Vous pouvez choisir les experts que vous voulez pour le faire mais veillez à ce que ce ne soit pas fantaisiste. Et si Le parti Les Démocrates n’a pas les ressources pour le faire, je vais demander au Gouvernement de financer » avait déclaré le président Talon.

Presqu’un an après, le Cadre de concertation de l’opposition mené par Les Démocrates joint l’acte à la parole. Il entreprend le projet d’audit du fichier électoral en prenant son bâton de pèlerin pour rallier à cette cause nationale les autres chapelles politiques, notamment celles de la mouvance présidentielle. Si à priori, le projet n’est pas rejeté d’emblée dans le fond, il essuie des critiques des plus modérées aux plus acerbes dans le rang des partis soutenant les actions du Chef de l’État.

Entre condescendance et mépris…

C’est d’abord, l’Union Progressiste le Renouveau qui a dégainé en premier. Dans la foulée de la rencontre entre le Cadre de concertation de l’opposition et l’UPR, le parti dirigé par Maître Joseph Fifamè Djogbenou s’est fendu d’un communiqué. Objectif marqué son non association à la démarche. Quoique attaché aux valeurs de consensus et de volonté de paix, l’UPR estime que le timing n’est pas approprié pour un audit du fichier électoral étant donné que le code électoral révisé a déjà prévu les échéances pour régler ce détail.

Si on sent un peu de bémol dans la réponse de l’UPR, le Bloc Républicain (BR) n’y est pas allé du dos de la cuillère pour charger la démarche initiée par le Cadre de concertation dirigé par Azatassou. Pour le parti au logo cheval blanc cabré, l’opposition est dans un double rôle. Qualifiant ses « revendications futiles » dans son communiqué. On y lit qu’en vertu des lois récentes, notamment la loi n° 2024-13 du 15 mars 2024, «  l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP) et la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) ont des rôles bien définis dans la gestion des listes électorales. Il n’est donc nullement pertinent de faire un audit de la liste électorale de 2023, comme l’exige l’opposition, surtout lorsque celle-ci sera modifiée et actualisée à 120 jours du scrutin, conformément aux dispositions légales ». Partant de ces textes, le parti dirigé par Abdoulaye Bio Tchané dit constater dans les termes de référence proposés par le CCP « des objectifs inavoués, notamment la révision du code électoral, ce qui révèle un agenda politique masqué. Les partis de l’opposition, plutôt que de chercher à améliorer la transparence, semblent plus enclins à créer un climat de suspicion et de désordre pour déstabiliser le processus électoral » indique le communiqué qui parle même de « manipulation évidente ».

La Renaissance Nationale de Claudine Prudencio abonde dans le même sens et enfonce le clou. Tout en saluant l’initiative d’un audit, les responsables du parti RN ont tenu d’après le communiqué publié à souligner que toute démarche doit s’inscrire dans le respect des lois et institutions de la République. Ils ont exprimé des réserves sur la pertinence d’auditer la liste ayant servi aux élections de 2023, estimant qu’une telle initiative risquerait de détourner l’attention des enjeux futurs et pourrait être porteuse de germes crisogènes. Ils ont toutefois réitéré la disposition de RN à examiner toute proposition visant la LEI des élections générales de 2026, dans le cadre légal prévu. Les responsables du parti RN ont rappelé que le contrôle de la LEI est prévu par la loi électorale. Et ce contrôle ne pourrait s’effectuer qu’après extraction de la LEI qui intervient dans un délai de 120 jours avant les élections. Le parti RN peut-on lire « reste attaché à cet échéancier légal et se dit prêt à accompagner, à ce moment-là, toute initiative visant à garantir une liste électorale crédible et conforme ». Si les trois partis de la mouvance rencontrés par le Cadre de concertation de l’opposition ont rejeté cette proposition, la réponse du MOELE-Bénin est déjà connue d’avance.

Avec le refus, le Cadre de concertation de l’opposition mené par Les Démocrates va-t-il laisser tomber le projet ?

Le porte-parole du gouvernement rassure

Pour apaiser les inquiétudes rapporte Banouto, Wilfried Houngbédji a affirmé que le gouvernement est déterminé à soutenir l’audit jusqu’à son terme. Il a rappelé que l’engagement pris par Patrice Talon n’est « pas qu’une profession de foi ». La demande d’audit du fichier électoral a été faite au président Patrice Talon par une haute délégation du parti Les Démocrates en novembre 2023.

Le chef de l’Etat, qui recevait en audience la délégation conduite par l’ancien président Boni Yayi, avait marqué son adhésion et laissé le choix des experts à l’opposition, tant qu’ils sont qualifiés. Il a réitéré que lorsque l’opposition sera prête, le coût de l’audit sera arbitré et financé par l’État. Il a estimé que le consensus entre les partis politiques n’est pas indispensable pour avancer dans ce processus.

Toutefois, le porte-parole a également précisé que les discussions entre partis politiques ne concernent pas le gouvernement.

La Rédaction

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