Coût de la vie : Le gari fait des siennes

L’augmentation des prix sur les marchés n’épargne pratiquement aucun produit. Après le maïs, c’est le gari qui prend de l’envolée.

Dans le nord du Bénin le gari est une denrée marginale. Peu de personnes le consomment et presque jamais comme repas principal. De tous les produits alimentaires, il est celui dont le prix stagne sur la plupart des marchés. Par contre, dans la partie méridionale du pays, il constitue le principal ingrédient pour des plats.

Vendu entre 200 et 250 francs la mesure, il est cédé en cette fin d’avril 2023 à 350 francs à Cotonou. Du coup, il entre dans la catégorie des produits réservés aux privilégies alors qu’il était considéré comme la nourriture des pauvres.

Cette augmentation fulgurante traduit le mal-être des consommateurs déjà ployant sous le poids de l’inflation. Elle survient dans un contexte où le maïs, autre produit de base, est vendu à des prix jamais atteints auparavant.

C’est la deuxième fois qu’au cours de la décennie dernière que le prix du gari monte de façon exponentielle. La première fois, c’était suite à l’installation d’usines de distillation d’alcool à partir du manioc. La première usine a été installée dans la région de Savalou, une zone connue pour la qualité du gari. Aussitôt, les paysans ont choisi l’option de vendre leur produit à l’industrie qui, pour sa part, achetaient tout jusqu’aux déchets du manioc. Depuis, le gari a pris de la valeur, son prix de vente fluctuant selon les saisons.

Il est de mise de pointer un doigt accusateur envers le gouvernement face à l’augmentation des prix des produits sur les marchés. Si cette tendance s’explique parfois par les politiques en place, celles-ci n’expliquent pas tout. Le manioc est l’un des tubercules les plus faciles à cultiver. Il n’exige ni terre particulièrement fertile ni pluviométrie exceptionnel. Il ne demande pas non plus d’être entouré du même soin que les autres cultures. Malgré ces avantages le manioc est de plus en plus délaissé au profit des cultures de rente comme le soja et le cajou.

Tant que la quantité de l’offre n’augmente pas, le prix de vente risque de rester élevé au grand dam des consommateurs.

Pierre MATCHOUDO