Affaire de faux diplômes entre le Nigéria, le Bénin et le Togo: Quand le cochon critique le mouton…

Dans le classement de Transparency International, le Nigéria a toujours fait partie des pays les plus corrompus du monde. Et pourtant, il s’érige subitement en une nation vertueuse qui pointe le Bénin et le Togo dans une affaire de faux diplômes où, à y voir de près, ce sont les Nigérians installés dans ces pays qui en sont les principaux acteurs.
Selon des sources qui citent des chiffres différents, le Nigéria a décidé d’invalider plus de 22.000 diplômes obtenus par les Nigérians dans les universités béninoises et togolaises. En attendant des clarifications sur cette affaire, une remarque s’impose : « si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au cochon de le notifier ». En somme, le Nigéria champion en fraudes de toutes genres devrait faire preuve de modestie dans ce dossier, surtout lorsqu’on sait que, si faux diplômes il y a, ceux-ci sont délivrés par la maffia nigériane installée en grand nombre au Bénin et au Togo.

En effet, des acteurs nigérians sont nombreux à installer dans ces pays des « universités » clandestines vers lesquelles ils attirent un grand nombre de leurs compatriotes qui n’arrivent pas à s’inscrire sur place ou tout simplement qui désirent obtenir des diplômes étrangers. Pour faire face à cette mafia, la Direction générale de l’enseignement supérieur a de temps à autre procédé à la fermeture des universités ne respectant pas les normes.
Situées à quelques kilomètres de la frontière nigériane, la plupart de ces universités sont ouvertes sans autorisation. Non seulement l’enseignement se fait parfois en anglais mais aussi les filières ne sont pas autorisées. Au Bénin, la validation du cursus universitaire dans une université privée se fait suite à un examen national. Les enseignements délivrés par les Nigérians installés au Bénin et au Togo échappent à cette exigence.
Le fait que les diplômes sont délivrés par les ressortissants de son pays n’échappe pas au gouvernement nigérian qui, dans cette affaire, veut paraître sain. Et, lorsqu’il s’agit de crédibilité, il n’échappe pas aux autorités de ce pays que le Bénin, le Togo et la plupart des autres pays francophones de la sous-région n’acceptent généralement aucun diplôme en provenance de leurs universités. La raison en est que tout s’achète dans ce pays où la pagaille est la règle d’or.
Au Nigéria, il est difficile qui détient le vrai diplôme, n’importe qui pouvant, du jour au lendemain, s’attribuer le titre de docteur. La même incertitude est de mise dans tous les domaines de ce grand pays par ailleurs berceau de la cybercriminalité. Ainsi, sur les routes où le rançonnement est la norme, il est quasiment impossible de distinguer le vrai policier du faux. Dans cette nation, même la citoyenneté peut s’obtenir au marché.

Pierre MATCHOUDO