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Soutenance de thèse de doctorat en Sociologie et Anthropologie de la santé : Mention très honorable avec félicitations du jury pour Lyndha Bernice Gbèbioho

 Soutenance de thèse de doctorat en Sociologie et Anthropologie de la santé : Mention très honorable avec félicitations du jury pour Lyndha Bernice Gbèbioho

”Xidevô, une approche socio-anthropologique des règles et du vécu des menstruées à Akpro-Missérétê”, c’est ce sujet de recherche qui a conféré le titre de Docteur à Lyndha Bernice Mèdéssè Gbèbioho. La chercheure a soutenu sa thèse en Sociologie-Anthropologie, spécialité Sociologie et Anthropologie de la Santé le vendredi 27 Septembre 2024 dans la salle de conférence de l’Ecole doctorale pluridisciplinaire ”Espace, Cultures et Développement” de l’Université d’Abomey-Calavi.

Dans sa thèse, la socio anthropologue a levé le voile sur les normes et pratiques socioculturelles auxquelles sont soumises les femmes dans la commune d’Akpro-Missérété, une région du département de l’Ouémé, au Sud-est du Bénin. Un travail rendu après des années de recherches que Lyndha Bernice Mèdéssè Gbèbioho sur les représentations et les logiques sociales associées aux règles et le vécu des filles et des femmes à Akpro-Missérété. De ces conclusions, il ressort quelques points clés. Au prime abord, Akpro-Missérété est un milieu à fort ancrage culturel où les pratiques culturelles et normes socioculturelles qui encadrent les menstrues restent d’actualité. Selon les données recueillies, les femmes en menstrue voient leur quotidien bouleversé. Elles doivent se retirer du lit conjugal et même de leurs activités économiques. Les accès aux concessions familiales et aux espaces religieux sont strictement interdits parce que l’écoulement sanguin féminin est qualifié d’ “impur” informe-t-elle. Aussi, les filles et les femmes éprouvent-elles des difficultés dans la gestion de leur hygiène menstruelle. Selon les croyances du milieu, cet etat de la femme montre qu’elle est hors de la norme, de la maison, se trouve ailleurs ou est mise à l’écart; ce qui est traduit dans le concept de Xidevo, ou gbè, ou là ou mawé dans cette communauté. Il faut alors se protéger contre ce danger ou pour ne pas répandre cette souillure.

Au-delà de la science

Les discours, les mythes et les croyances religieuses entourent les représentations sociales associées aux menstrues. Ce fait cyclique, indique Bernice Gbèbioho, n’est plus appréhendé seulement dans sa dimension biologique d’origine. Elle repose également sur des conceptions sociales et culturelles où à Akpro-Missérété, les menstrues sont désignées par des expressions comme : Xidèvo, manwè, là.
Les normes et pratiques prescriptibles et prohibitives entourant ce phénomène sont les tabous menstruels qui orientent les conduites des ”menstruées”. Ils consistent à une reclusion physique ou symbolique, aux retraits des activités quotidiennes, à l’obligation de ne pas dévoiler le sang menstruel. Ces pratiques sont plus accentuées au niveau des femmes mariées qui doivent utiliser une autre chambre ou dormir ailleurs. L’impétrante les décrit en des pratiques d’isolement, d’évitement et de délimitation de l’espace. « Quand on range les bols, les effets, les récipients quelque part, on est en train de délimiter l’espace qui s’est empreinte d’impureté qui qualifie le phénomène. Donc, l’espace-là aussi est impur et il ne faut pas s’y rendre quand on n’est pas en état de menstruation. Il y a aussi les pratiques de purification et de contrôle du corps féminin. Plusieurs autres préjugés et interprétations, concourent à gérer ce phénomène dans les espaces tant religieux, tant sociaux, tant traditionnel. Chacun choisit en fonction des intérêts qu’il y trouve de respecter ou pas ces normes socio-culturelles », a expliqué Bernice Gbèbioho. Des pratiques que le temps et l’universalité tendent atténuées de nos jours. Toutefois, le poids de la tradition fait que les femmes, elles- mêmes reproduisent et pérennisent ces manières de faire et de de pensée les transmettant de générations en générations. L’analyse du vécu des femmes par rapport à la pratique de l’hygiène menstruelle a permis de mettre en exergue les conditions dans lesquelles sont observées cette hygiène. Mais force est d’observer que les filles et les femmes n’ont pas accès aux composantes de la GHM telles que : l’eau potable, les ouvrages de WASH, les informations sur l’hygiène menstruelle. Les malaises morphologiques notamment les règles douloureuses, l’irrégularité des menstrues, les ménopauses précoces sont autant de difficultés qui compromettent le vécu des menstruées. Aussi note- t-on que celles- ci ont recours aux traitements traditionnels proposés par les revendeuses au marchés, les hounnons…pour se soulager. Car, les politiques de santé publiques s’y penchent très peu. Tout ceci montre la prééminence des tabous autour des menstrues.


Xidèvo, négatif ou positif?

Aux dires de Bernice Gbèbioho, la réflexion menée ne s’est pas apitoyée sur une position mais a montré que les hommes comme les femmes y ont recours pour vivre et protéger leur santé sociale, leurs pratiques religieuses et leur bien-être social. L’impact de la recherche soutient-elle est d’abord situé au niveau de la thèse défendue où elle ne pas positionnée en redresseur de torts mais montre que les tabous sont des pratiques qui permettent aux femmes et aux hommes d’orienter leur conduite ou leurs manières de faire en lien avec les menstrues. A cet effet, avance Bernice Gbèbioho, si les femmes continuent de les observer, c’est parce qu’elles tirent des avantages comme se protéger, laisser leur corps au repos et se préparer pour la période de reproduction qui commence bien après l’écoulement. « On peut y voir les sollicitations sanitaires, religieuses et aussi la peur que la société entière, même les femmes éprouvent à l’égard de ce phénomène ». Elle a insisté sur la communication autour de cette thématique en montrant qu’il ne s’agit pas de briser les tabous. Mais, il revient de faire une analyse pertinente pour en ressortir ces aspects négatifs à bannir et ceux positifs qui permettent de réguler la société, d’organiser la vie en société, de protéger le corps social et de répondre à des sollicitations sanitaires préservant la santé féminine. Quand nous prenons la dimension pratique qui est plus importante, elle renvoi aux besoins des femmes en menstrues.

Après concertation, le jury a déclaré recevable le travail et accorde le grade de Docteur de l’Université d’Abomey-Calavi en Sociologie-Anthropologie de la spécialité Sociologie et Anthropologie de la Santé avec la mention très honorable avec les félicitations du jury. Un jury composé de Abou-Bakari Imorou, professeur titulaire (Bénin), Université d’Abomey-Calavi, président, des examinateurs, Tossou Atchrimi, professeur titulaire à l’Université de Lomé, (Togo), Alain Toh, Maitre de Conférence , Université Félix Houphouet Boigny (Côte-d’Ivoire), Clarisse Hèdiblè, professeur titulaire, Université d’Abomey-Calavi (Bénin) et Roch Apollinaire Houngnihin, professeur titulaire, Université d’Abomey-Calavi, Directeur de thèse. Lyndha Bernice Mèdéssè Gbèbioho, née le 19 Juin 1988 à Cotonou au Bénin faut-il le mentionner.

Arnaud ACAKPO (Coll)

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