Intempéries dans l’AES : Inondation au Niger, risques au Bénin

Les fortes pluies suivies d’inondation qui font d’importants ravages au Mali et au Niger viennent rappeler, si besoin en est, que ce qui touche ces pays touche également le Bénin. Ces territoires sont traversés par le fleuve Niger qui marque la frontière nord du Bénin avant de continuer sa course au Nigéria.

Depuis juin, de fortes précipitations s’abattent sur le Sahel causant d’importantes montées d’eau. Ainsi, en ce mois d’août 2024, les autorités ont dénombré plus de 200 morts au Niger ainsi que d’importants dégâts matériels. Niamey la capitale est actuellement encerclée par les eaux et donc presque coupée du reste du monde. Selon le gouvernement militaire, les inondations auraient fait 350 000 sinistrés, 217 morts et 200 blessés. En plus de cela, les cultures sont détruites, ce qui constitue un risque de crise alimentaire dans un pays déjà très vulnérable.
Si le gouvernement béninois n’a pas encore réagi face à cette catastrophe qui frappe son voisin, il est à noter que, pour sa part, le parti d’opposition béninoise Les Démocrates a, dans un communiqué daté du 23 août, dit sa compassion au peuple « frère » du Niger.
Mais, au-delà des marques de solidarité, les Béninois devraient aussi et surtout s’inquiéter pour eux-mêmes. En effet, à chaque crue du fleuve Niger, les villes de Malanvile et de Karimama sont elles aussi touchées par les inondations. En conséquence, ce qui se passe présentement de Bamako à Niamey touchera sans aucun doute le Bénin et, plus tard, les localités riveraines du fleuve Niger tout le long du Nigéria.
Face à cette situation, des mesures nécessaires devraient être prises pour alléger la souffrance à venir des habitants de l’extrême nord du Bénin. Karimama et une ville démunie d’infrastructures et au climat fragile tandis que Malanville est connu comme un bassin de production d’oignons, de riz et de pommes de terre. A chaque inondation, les champs sont détruits, ce qui se répercute sur l’ensemble du pays avec la hausse des prix des produits issus de ces localités.
Le Bénin est le Niger se regardent en chiens de faïence depuis le coup d’Etat de juillet 2023 à Niamey. Malgré une reprise timide des relations, les autorités issues du putsch continuent de clamer leur méfiance vis-à-vis du Bénin. Cette catastrophe naturelle qui frappe les pays de l’Alliances des Etats du Sahel (AES) et qui va aussi toucher les voisins du sud qui ont en commun le fleuve Niger rappelle que l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest a un destin commun.

Pierre MATCHOUDO