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Shaidar Ace na alkalami : Duk abin ya yi tsayayya da ni ga Vincent Foly

 Shaidar Ace na alkalami : Duk abin ya yi tsayayya da ni ga Vincent Foly

Comment écrit-on un hommage ? J’aurais bien voulu avoir une méthode car, malgré mes trois décennies dans le métier de journaliste, je n’en ai jamais rédigé un. Après avoir réfléchi sur la question, je préfère sortir des sentiers battus, du formalisme qui veut que tout le monde choisisse les mots les plus flatteurs pour peindre le défunt.

Rien ne me prédestinait à être un ami de Foly Vincent, le directeur de publication du quotidien La Nouvelle Tribune que le Covid-19 a terrassé le vendredi 3 Nuwamba 2021. Cela d’autant plus qu’en apparence, tout m’opposait à lui. D’abord la taille. Il fallait que je tende mon cou pour le regarder en face. Il était très grand et moi, tout le contraire. Ensuite, le tempérament. Autant il était passionné et était connu pour ses colères parfois violentes, autant j’étais d’un flegme particulier face à tout ce qui peut émouvoir plus d’un.

Son arrivée, in 1998, au quotidien Le Matin comme chroniqueur et éditeur n’avait pas été particulièrement accueillie avec enthousiasme par une partie de la rédaction. Il n’était pas de notre génération et surtout nul ne savait où le propriétaire du journal l’avait déniché. Kara, ceux qui regardaient avec méfiance ce « vieux » s’étaient tout de suite ravisés face à sa belle plume et à sa perspicacité dans l’analyse des sujets politiques et sociétaux. Nous apprîmes plus tard qu’il fut professeur d’anglais en Côte d’Ivoire, puis au Collège Père Aupiais à Cotonou avant de mettre ses talents d’analyste à Le Matin.

Presque tout nous opposait, disais-je mais cela ne concernait que le physique et la manière de gérer les conflits. Sur le reste, nous étions sur la même longueur d’ondes. Nous sommes devenus d’excellents collaborateurs et, bayan, de très bons amis. « Mon cher ami », répondait-il au téléphone chaque fois que nous nous appelions. Même à plus de 7000 kilomètres du Bénin après que j’ai mis des parenthèses au journalisme, il est venu me rendre visite au détour d’un voyage professionnel. Et nous avons eu une folle soirée de rires et de souvenirs.

J’admirais, par-dessus tout, son sens profond et inaltérable de la justice. Foly Vincent n’a pas d’amis lorsqu’il s’agit de dire au plus fort que sa force ne saurait être érigée en droit. Et il ne porte pas des gants pour le dire. « Tu sais, moi je n’ai pas ma langue dans la poche », me disait-il souvent entre deux rires.

Cette obsession à défendre le faible et la vérité a marqué tout son parcours professionnel et l’a mis en difficulté avec tous les pouvoirs depuis qu’il a commencé ses armes dans la presse. Sous le précédent régime et également l’actuel, il n’a pas eu la vie facile. Hujja, c’est seulement tout récemment que son journal a été autorisé à paraître après presque deux ans de suspension. « Avec mon âge et mon expérience, tu crois que je peux accepter que quelqu’un me dicte ce que je vais écrire ? », me demandait-il en 2017 dans son bureau après que je lui ai dit mon indignation face à certaines publications siamoises dans des journaux.

Face aux difficultés que rencontre la presse depuis bien des années –baisse des revenus, tentatives de corruption, dégradation de l’image du journaliste- Vincent Foly a préféré se battre au moment où moi, j’ai décroché pour maintenir des relations marginales avec cette profession, allant même parfois jusqu’à renier le titre de journaliste. Kuma, jusqu’à son dernier souffle, il a tenu la flamme de la passion pour ce métier noble mais risqué.

Son nom figure dans mon agenda, sur la liste des amis à revoir lors de ma prochaine descente à Cotonou. Un programme raté. Pour le moment car, sans doute, nous nous verrons de l’autre côté, dans la félicité.

A bientôt mon cher ami.

Pierre MATCHAUDO

Labarai iri daya