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Répression pour infractions routières : Casques, sécurité et élections

 Répression pour infractions routières : Casques, sécurité et élections

Le gouvernement s’est-il piégé en lançant des contrôles routiers dont le plus grand mérite est de renflouer les caisses de l’Etat?

Lancée le 1er mars au petit matin, la répression contre les infractions au code de la route continue de faire rage dans toutes les grandes villes du Bénin. A Cotonou, les forces de l’ordre mettent principalement l’accent sur les motocyclistes pour deux raisons: le non-respect des pistes cyclables qui leur sont spécialement réservées et le défaut de port de casque par les deux passagers de la même moto. Ailleurs dans le pays où il n’existe pas de pistes pour motocyclistes, la répression porte principalement sur le défaut de casque et accessoirement sur les surcharges.

Concernant les véhicules à quatre roues, les contrôles portent sur la Taxe sur les véhicules à moteur (TVM) instituée par l’actuel régime, sur l’assurance, la visite technique et le port de ceinture de sécurité.

En attendant le bilan de la première semaine, l’on observe que la plupart des usagers de la route se sont vite mis aux règles. « La peur du gendarme est le début de la sagesse », dit-on. Selon le gouvernement, la décision de passer à la répression des infractions est motivée par des raisons de sécurité. Evoquant le bien-fondé de l’opération, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji a affirmé que « les chiffres montrent que nous avons plus de 700 morts sur nos routes par an ».

A gaskiya, ce n’est pas la première fois que le gouvernement initie à l’échelle nationale une campagne de lutte contre les infractions au code de la route. Mais ces initiatives ont été souvent circonscrites au port de casque et à la régularité des papiers administratifs des véhicules. Don haka, en en avril 2022, la répression pour non-port de casque et non-respect des couloirs de passage s’est soldée par un millier de motos saisies par la police, cela en seulement quelques jours. Face à cette « réussite » l’opération a dû être interrompue. De toutes les façons, chacun des contrevenants était obligé de verser au trésor public une somme conséquente avant de récupérer son moyen de locomotion.

Quand bien même la pertinence de cette répression ne fait aucun doute, cette fois encore, les citoyens sont majoritaires à être convaincus que la première motivation de l’Etat est de renflouer ses caisses. Hujja, c’est que la qualité des casques laisse à désirer, ce qui ne préoccupe pas les agents contrôleurs. L’essentiel est que les usagers en portent un, même si celui-ci n’assure pas leur sécurité en cas d’accident.

Tout ceci se passe dans un contexte marqué par la vie chère et la paupérisation croissante de la population. Les ménages qui n’arrivent déjà pas à joindre les deux bouts sont obligés de débourser de l’argent pour acheter des casques, parfois pour chacun des membres. Des casques dont le prix est passé du simple au double du jour au lendemain.

Au plan politique, cette opération n’est pas une meilleure idée pour le gouvernement. Les prochaines élections étant pour bientôt, des victimes promettent déjà des réponses à la mesure de leur frustration. « S’ils pensent que c’est comme ça que leur candidat sera élu, ils se trompent », lance un usager de la route exaspéré.

Pierre MATCHAUDO

Labarai iri daya