Le Civic Academy for Africa’s Future (CiAAF) organise le 1er et 2 décembre 2023, son deuxième colloque de l’année. Portant sur le thème “L’avenir du multilatéralisme africain”, cette rencontre d’échanges sera animée par des enseignants, chercheurs mais aussi des personnalités politiques expérimentées du travail diplomatique. Dans cette interview, Vincent Agué Afouda, journaliste et juriste, Assistant de recherche en gouvernance, droit et numérique au think tank Civic Academy for Africa’s Future, Secrétaire à la Communication du CiAAF dévoile les objectifs qui sous-tendent cette assise.
Parlez-nous du CiAAF ?
Le Civic Academy for Africa’s Future (CiAAF Think Tank, www.ciaaf.org) se veut un espace intellectuel qui contribue au renouvellement de la pensée sur l’Afrique à partir d’un lieu privilégié d’observation qu’est le Bénin. En tant que tel, il est un cadre de réflexion et de débat sur les transformations politiques, socio-économiques, le devenir et l’avenir de l’Afrique. Il s’intéresse aux questions stratégiques qui conditionnent l’avenir du continent. Le CiAAF produit des travaux de recherche universitaire. Mais, il s’investit davantage dans la production de travaux d’expertise formulant des propositions, des recommandations innovantes à l’endroit des acteurs politiques, socio-économiques, de l’opinion publique. Puis, au moyen d’activités, elles aussi innovantes, il suscite le débat intellectuel et citoyen sur ses propositions et recommandations ou sur toute autre problématique d’importance pour la société africaine. Le CiAAF a pour vocation : penser, proposer, débattre et évaluer pour l’Afrique qui vient. Le CiAAF est donc un centre de recherche, un think tank généraliste, pluridisciplinaire et indépendant. Il mobilise des chercheurs et experts aux profils académiques et professionnels variés.
Pourquoi avez-vous choisi le thème “L’avenir du multilatéralisme africain” pour le colloque de décembre 2023 ?
Le colloque des 1 et décembre 2023 s’inscrit dans le cadre des activités scientifiques du CiAAF. En mai dernier, nous avions organisé un mini-colloque sur « les médias et le terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel ». Pour ce deuxième colloque organisé cette année, nous avons choisi ce thème car le multilatéralisme a longtemps été un pilier des relations internationales africaines. Au plan global, une certaine reconfiguration de la scène internationale se déroule avec l’émergence de nouveaux grands pôles d’influence. A l’échelle du continent, les récents développements, par exemple, la création de l’Alliance politique Africaine, l’Alliance des Etats du Sahel, sont des prétextes à une réflexion scientifique sur l’état de la coopération multilatérale en Afrique, son avenir, ses défis et ses opportunités.
Le colloque se tiendra les vendredi 1er et samedi 2 décembre 2023 sur le thème : « L’avenir du multilatéralisme africain ». Il se tiendra en mode hybride à l’École Nationale d’Administration (ENA) du Bénin et en ligne à travers l’application Zoom. Il mobilisera des contributions d’une vingtaine de chercheurs issus de plusieurs pays (Bénin, Cameroun, Congo, France, Mali, RDC) et une table ronde de haut niveau.
Quels sont, selon vous, les principaux défis du multilatéralisme africain ?
Les défis sont multiples. La difficulté à mettre fin aux transitions post-coups d’État, la confusion des responsabilités entre l’Union Africaine et les blocs régionaux, les systèmes régionaux de sécurité qui peinent à lutter contre l’extrémisme violent sont autant d’obstacles. De plus, la montée de l’insécurité sur le continent, illustrée par les nombreux conflits récents, pose des questions fondamentales sur l’efficacité des mécanismes existants du multilatéralisme africain. Face à ces défis (politiques, sociaux, économiques, environnementaux, sécuritaires…) actuels du continent, le multilatéralisme apparait comme un moyen d’action inévitable. Le colloque mettra en lumière quelques défis majeurs, au regard des thématiques qui seront présentées par les chercheurs : Un défi théorique liée à la compréhension et à la définition du multilatéralisme africain ; Un défi lié à l’encadrement juridique du multilatéralisme africain ; Des défis politiques (liés au financement des OI africaines, aux rivalités nuisibles entre les OI africaines, aux relations de l’Afrique avec les puissances traditionnelles…) ; Quelques défis sectoriels (économie, climat, éducation).
En quoi la reconfiguration de la scène internationale actuelle impacte-t-elle le positionnement des États africains ?
La reconfiguration actuelle de la scène internationale offre de nouvelles perspectives au multilatéralisme africain. L’exacerbation des rivalités entre les puissances occidentales et les puissances émergentes ou ré-émergentes sur le sol africain affectent le positionnement de certains États qui refusent désormais ouvertement toute forme de paternalisme et tout bilatéralisme étroit, en particulier avec les anciennes puissances coloniales. Ces bouleversements internationaux redonnent une pertinence nouvelle aux aspirations unificatrices et d’intégration politique du continent et ouvrent également des perspectives inédites au multilatéralisme africain en matière de partenariat de sécurité et de développement économique. En somme, la guerre de positionnement sur les zones d’influence qui opposent les grandes puissances tant traditionnelles qu’émergentes élargit certes les marges de manœuvre des Africains, mais elle pose également des défis quant au choix de partenaires stratégiques.
Quelles attentes avez-vous des intervenants, et comment leur expérience peut-elle enrichir les débats ?
Les intervenants sont des enseignants, des chercheurs mais aussi des personnalités politiques expérimentées du travail diplomatique. A travers les communications, les débats et la table ronde au programme, le colloque va discuter des sens du multilatéralisme dans le contexte africain ; réfléchir sur les enjeux et défis actuels du multilatéralisme africain, avec pour finalité de renforcer l’approche des solutions africaines aux problèmes africains et proposer des pistes concrètes de solutions pouvant contribuer à faire de l’Afrique un acteur majeur, responsable et constructif du multilatéralisme mondial.
Réalisation : Damien TOLOMISSI