Vers une alliance Yayi-Houngbédji : Bientôt un candidat commun ?

 Vers une alliance Yayi-Houngbédji : Bientôt un candidat commun ?

Le 29 juin dernier, l’ancien président de la République, Boni Yayi, s’est de nouveau rendu  au domicile de l’ancien président de l’Assemblée nationale et leader historique du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Me Adrien Houngbédji. Pendant près de trois heures, les deux hommes ont échangé à huis clos. Aucune déclaration officielle n’a suivi cet entretien, mais dans les coulisses, les spéculations vont bon train : un rapprochement politique entre Les Démocrates et le PRD est en gestation.

Ce tête-à-tête survient à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en 2026, dans un contexte de recomposition du paysage politique béninois. Pour de nombreux observateurs, cette rencontre n’est pas anodine. Elle relance les interrogations sur le rôle que pourrait jouer Me Houngbédji dans la prochaine séquence électorale, lui dont le parti avait officiellement fusionné avec l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), formation politique proche du président Patrice Talon.

Cependant, cette fusion, annoncée en grande pompe en 2022, semble aujourd’hui déjà sur le point de s’achever. Récemment, Adrien Houngbédji a publiquement critiqué le code électoral et demandé, comme l’opposition, le retour des exilés politiques. « Les meilleures lois sont celles qui sont consensuelles », conseille le vétéran. Il y a aussi une envie de mettre fin à la collaboration et de récupérer son PRD. Une lettre du ministère de l’Intérieur rappelait à un responsable du parti que le PRD avait cessé d’exister à la date de sa fusion. Ce dernier avait utilisé le nom et les attributs de la formation. « C’est contraire à la réalité au regard des textes et des faits », a rétorqué Adrien Houngbédji.

Dans ce contexte, la visite de Boni Yayi, président d’honneur du parti Les Démocrates, revêt un caractère hautement stratégique. L’ancien chef d’État multiplie depuis quelques mois les initiatives pour élargir sa base de soutien en vue de la présidentielle. Conscient que la seule force des Démocrates pourrait s’avérer insuffisante pour remporter la victoire face au bloc présidentiel, il semble vouloir tendre la main aux forces centristes et aux anciens partenaires de la mouvance.

Adrien Houngbédji, de son côté, reste une figure politique respectée et dispose encore d’un certain poids, notamment dans les régions du sud-est du pays, bastions historiques du PRD. Un soutien même symbolique de sa part à une candidature soutenue par Les Démocrates pourrait peser dans la balance.

Malgré l’absence de confirmation officielle, certains indices laissent penser que des négociations sont bien en cours. Des sources proches des deux camps évoquent des discussions avancées sur une plateforme commune autour de la démocratie, des libertés fondamentales et du renforcement des institutions républicaines. La possibilité de présenter un candidat commun est aussi en jeu. Ce qui ne sera pas facile à trancher. Face à la volonté toujours affichée du PRD de compter lors des alliances l’impliquant, il pourrait tenter de positionner son candidat au grand dam des responsables des Démocrates qui sont des combattants de la première heure.

Mais en attendant, d’autres défis restent à surmonter. D’abord, la question de la réhabilitation légale du PRD s’il devait quitter l’UPR. Ensuite, l’acceptation par les bases militantes respectives d’une telle alliance, après des années de rivalité politique. Enfin, la stratégie à adopter face à une majorité présidentielle bien installée, disposant des moyens de l’État et d’un appareil politique rodé.

Damien TOLOMISSI

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