Transhumance politique au Bénin à la veille des joutes électorales : Un danger pour la démocratie

La transhumance politique, pratique consistant pour des élus ou militants à changer fréquemment de parti en fonction des opportunités, est un phénomène récurrent au Bénin. Bien que parfois motivée par des divergences idéologiques légitimes, elle est souvent le fruit d’un opportunisme électoraliste qui fragilise le système démocratique.
Elle est devenue un véritable fléau dans le paysage politique béninois. À l’approche des élections, nombreux sont les « aventuriers politiques » qui, au mépris de leurs convictions et de leurs engagements, traversent les partis comme des nomades en quête de pouvoir et d’opportunités. Cette pratique, loin d’être un simple jeu d’alliances, constitue une manœuvre de déstabilisation, un acte de trahison et une imposture politique qu’il faut combattre avec fermeté.
En effet, la transhumance politique mine la crédibilité des partis en créant une instabilité permanente. Les formations politiques peinent à construire des projets cohérents lorsque leurs membres les quittent au gré des alliances ou des avantages personnels. Cette instabilité institutionnelle affaiblit la démocratie, car les partis, censés structurer la vie politique, deviennent de simples tremplins pour ambitions individuelles.
Le mal, l’opportunisme affiché par certains responsables politiques nourrit le cynisme et la défiance des citoyens. Lorsque des élus changent de camp peu après une élection, souvent pour des postes ou des avantages matériels, les électeurs se sentent trahis. Cette érosion de la confiance populaire réduit la participation politique et favorise l’apathie civique.
Le pire, les alliances éphémères et les retournements de vestes fréquents perturbent la gestion des affaires publiques. Cette instabilité nuit à la continuité des politiques publiques et encourage la corruption, certains acteurs profitant des changements d’allégeance pour négocier des faveurs.
Solutions pour endiguer la transhumance politique
Pour y remédier, une combinaison de mesures légales, éducatives et structurelles s’impose. Renforcer l’éthique politique et les partis permettrait de restaurer la confiance et d’ancrer la démocratie béninoise dans la durée. Bien vrai qu’un début de solution a été déjà trouvé (un maire ou un député qui démissionne de son parti politique perd son mandat. La Constitution béninoise stipule que tout parlementaire qui quitte délibérément son parti politique durant la législature est réputé renoncer à son mandat parlementaire obtenu sous l’étiquette dudit parti. Cette règle s’applique également aux maires, qui sont élus sous l’égide d’un parti politique. En d’autres termes, si un député ou un maire quitte le parti politique qui l’a soutenu lors de son élection, il perd son siège, qu’il soit maire ou député) mais on peut y ajouter des sanctions financières ou des inéligibilités temporaires qui pourraient aussi dissuader les comportements opportunistes.
Cela nécessite aussi, une sensibilisation accrue sur les valeurs démocratiques et la loyauté envers les engagements politiques est nécessaire. Les partis doivent instaurer des chartes éthiques exigeant une adhésion sincère à leur projet, et non un simple calcul électoral. Les médias et la société civile ont un rôle crucial à jouer pour dénoncer les pratiques opportunistes et valoriser les leaders constants.
Il faut surtout consolider les partis autour d’idéologies claires. Et pour cause, la faiblesse des partis béninois tient souvent à leur manque de vision structurante. En renforçant leurs programmes et en favorisant la démocratie interne, ils pourraient fidéliser leurs membres. Une vie politique ancrée dans des clivages programmatiques (social, économique, environnemental) plutôt que dans des logiques clientélistes réduirait les tentations de transhumance.
Ainsi à l’orée des prochaines élections au Bénin, il est crucial de se méfier des aventuriers politiques qui pratiquent la transhumance. Cette pratique, synonyme d’opportunisme et de trahison, sape les fondements de la démocratie et décrédibilise la politique. Les citoyens doivent exiger des dirigeants engagés, constants et fidèles à leurs convictions. La stabilité et l’avenir du Bénin en dépendent.
Damien TOLOMISSI