Ils sont omniprésents à Cotonou et dans les autres villes du Bénin, ces jeunes et moins jeunes confrontés au chômage et qui font le métier de conducteurs de taxis-motos ou Zémidjan.
Firmin KASSAGA
Zémidjan ou Kèkènon : c’est le nom à eux donné par les populations du Sud Bénin. Ces personnes caractérisées par leurs habillements ‘’chemisette jaune à manches courtes sur un pantalon soit en jeans ou autre tissus’’ sont visibles partout dans les villes comme à Cotonou et aussi à Abomey-Calavi.
Jeunes, moins jeunes et parfois même très âgés, ils s’adonnent à cette activité pour des raisons diverses mais pour un même but : celui de se faire un peu d’argent.
Jean-Marc est un conducteur de taxi moto, il mène cette activité depuis 15 ans. Il a rejoint ce secteur par nécessité : « A la perte de mon boulot dans une entreprise de la place en 2005, j’ai eu beaucoup de difficultés à subvenir à mes besoins et à ceux de ma petite famille à savoir ma femme et mes deux enfants dont un nouveau-né. J’ai cherché à me relancer vaille que vaille, mais en vain. J’ai pratiquement fait 5 mois à la maison sans rien faire et un ami connaissant ma situation m’a emmené chez l’une de ses connaissances qui cherchait un conducteur de Zém (taxi-moto) ». A l’en croire, il n’avait pas le choix et « malgré mon diplôme en gestions des projets, j’ai porté le maillot jaune et des années après, je suis dedans et j’avoue que je vis bien avec cette activité ». Pour lui, tous ceux qui sont dans cette activité aujourd’hui y sont parce qu’ils n’ont pas le choix. « Ils doivent répondre à certains besoins personnels et familiaux. Je n’ai jamais pensé que cette activité deviendra pour moi un travail. J’ai réalisé énormément de choses avec ce que je fais et aujourd’hui, je peux vous dire que je suis bien » ; a-t-il confié.
Comme Jean-Marc, nombreuses sont ces personnes qui ont plus d’une dizaine d’années dans l’exercice de cette activité. D’autres par contre, comme Gérard, la vingtaine, sont à leur début. Après sa réussite au baccalauréat et une première année difficile à l’université parce que sans soutien financier, il s’est lancé dans l’activité depuis trois mois. Il estime que ce n’est pas une mauvaise option. « J’envisageais devenir un grand économiste. Mais les moyens ont fait défaut. Après ce que j’appelle une visite à l’université, j’ai donc décidé de prendre ma bourse et m’acheter une moto et devenir taximan », a-t-il relaté avant d’ajouter « Depuis trois mois, j’avoue que ce n’est pas facile. Toutefois, je tiens le coup car je discute avec des aînés dans la corporation et ils me fascinent à travers leurs histoires. J’espère que d’ici trois ans je vais trouver suffisamment d’argent pour continuer mes études ou faire autre chose ».
A l’opposé de Jean-Marc et Gérard qui, malgré leurs niveaux d’étude, se sont lancés dans le métier de taximan à moto, il y a ceux-là qui ont été peu étudié ou pas du tout. Il y a aussi dans cette corporation des personnes qui ont appris un autre métier mais qui n’arrivent pas à subvenir leurs besoins fondamentaux comme Théo, un coiffeur de formation.
Après quelques années dans le secteur de la coiffure, il décide d’acheter une moto, de remplir les formalités requises et de se lancer comme conducteur de Zém. Aujourd’hui, il affirme mieux gagner sa vie. « Ce que je fais actuellement, si j’étais dans mon atelier, je ne pense pas que je l’aurais fait. J’ai trois motos en circulation en plus de la mienne, et j’ai un salon dans lequel j’ai des jeunes qui travaillent pour moi et qui, en retour, ont un revenu chaque fin de mois. Je suis entré dans cette activité de conducteur de taxi-moto tout désespéré mais aujourd’hui je suis bien ».
« Il n’existe pas de mauvaises activités si elles sont légales. Celle de conducteur de taxi-moto fait partie de ces activités qui permettent à un grand nombre de personnes de se prendre en charge et de s’occuper de leurs familles », souligne Abdoulaye, consultant en marketing.