Taxes de Trump : Une opportunité pour le Bénin

Alors que de nombreux pays s’inquiètent des taxes imposées par l’ancien président américain, Donald Trump sur les importations, le Bénin se retrouve en bonne position pour tirer profit de cette nouvelle donne commerciale.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. C’est ce que semble confirmer la récente décision du président des États-Unis, Donald Trump, de mettre en place une série de taxes sur les produits entrant sur le territoire américain. Si cette décision a suscité une vive inquiétude chez les grands exportateurs asiatiques et africains, elle pourrait bien faire les affaires du Bénin.
Depuis son retour sur la scène politique américaine, Donald Trump a relancé sa politique commerciale protectionniste en imposant des droits de douane punitifs sur les produits en provenance du monde entier. Ainsi, la Chine a écopé de 240% avant que ce taux de douane inédit soit revu à la baisse. Le Bangladesh mais aussi le Lesotho et Madagascar en Afrique, se sont vus imposés des taux allant jusqu’à 50%. Point commun de ces trois derniers pays, ils sont tous de grands producteurs et exportateurs de vêtements vers les États-Unis. Avec cette nouvelle donne, leur compétitivité sur le marché américain risque de subir une baisse importante.
Même si un juge fédéral a récemment suspendu temporairement l’application de ce décret, Trump reste déterminé à aller jusqu’au bout. Selon ses proches conseillers, il considère ces mesures comme essentielles pour « protéger les emplois américains » et « rééquilibrer les échanges commerciaux ». Son équipe s’est dite prête à contourner les obstacles juridiques pour appliquer ces taxes dans les plus brefs délais.
Dans ce contexte tendu, le Bénin, lui, se retrouve dans une position avantageuse. Grâce à ses bonnes relations commerciales avec les États-Unis et surtout grâce à sa taxe d’importation relativement faible – seulement 10 %, les produits textiles pourraient trouver un véritable débouché au pays de l’Oncle Sam. De fait, les entreprises américaines, soucieuses de réduire leurs coûts, pourraient se tourner vers des fournisseurs alternatifs dans des pays moins taxés, dont le Bénin.
Et le Bénin est prêt. Plutôt que de se contenter d’exporter exclusivement du coton égrené, le gouvernement béninois, en collaboration avec des investisseurs privés, a lancé plusieurs initiatives pour transformer localement le coton en produits finis. Usines de filature, ateliers de confection, formations professionnelles : le pays investit dans la chaîne de valeur textile et entend bien devenir un acteur incontournable du prêt-à-porter africain.
Ce changement de cap commence déjà à porter ses fruits. Plusieurs unités industrielles, notamment dans les zones économiques spéciales comme celle de Glo-Djigbé, produisent désormais des vêtements destinés à l’exportation. Ces produits, conformes aux standards internationaux, bénéficient non seulement d’une main-d’œuvre locale qualifiée mais aussi d’un coût de production compétitif. Le tout, sans les lourdes taxes imposées à certains concurrents.
À condition toutefois de relever certains défis persistants : logistique, accès à l’énergie, simplification des procédures à l’exportation. Si le pays parvient à surmonter ces obstacles, il pourrait s’imposer comme un fournisseur alternatif crédible et durable.
Damien TOLOMISSI