Pour préserver son statut de chef de fil de l’opposition avec les avantages qui y sont attachés, Paul Hounkpè doit se battre à la fois contre le président Talon et Les Démocrates.
Montrer qu’il est le plus opposant des opposants : voilà ce que tente de faire Paul Hounkpè ces derniers temps. A mesure que s’approchent les élections législatives de janvier 2023, le premier responsable des Fcbe multiplie les flèches à l’encontre du pouvoir. Il ne manque plus d’occasion pour fustiger le gouvernement qu’il accuse des maux pour la plupart desquels l’opinion publique s’est déjà insurgée depuis bien longtemps. « La situation que vit le peuple et le folklore désolant qui s’observe par la gouvernance actuelle chez nous prouvent à suffisance le désarroi, la déconfiture et la déconstruction avancée de notre pays », s’est-il insurgé le 3 septembre 2022 à la 2e session ordinaire de son parti à Lokossa. Par la même occasion, il invitait les électeurs à « sanctionner » le pouvoir qu’il accuse par ailleurs de « forfaiture ».
Lors d’une émission télévisée à laquelle il a pris part le 9 septembre, le chef de fil de l’opposition a encore eu la dent dure contre le président Talon et ses réformes. Mais surtout, il s’en est également pris à ceux qu’il appelle les « pseudo-opposants », comme pour faire remarquer que les Fcbe sont le seul parti d’opposition.
Seul parti de l’opposition actuellement à avoir des conseillers, les Fcbe et tout particulièrement leur chef voient très mal la montée prévisible des Démocrates dont la plupart sont les transfuges du parti qu’il dirige. Comme un rouleau compresseur, ces derniers ont commencé à faire une démonstration de force sur le terrain au point où il n’est pas exclu que les élections législatives soient un duel entre eux et les deux partis du pouvoir, à savoir l’Union progressiste, le Renouveau et le Bloc républicain.
Menacé dans son existence même, le parti Fcbe est donc obligé de faire feu de tout bois, et de taper dans le tas, quitte à paraître comme le souligne un responsable des Démocrates, un opposant de l’opposition.
Mais rien ne laisse croire que cette stratégie paiera. En s’en prenant à ses pairs de l’opposition, Paul Hounkpè ne fera que donner raison à ceux qui l’accusaient déjà d’être un faire-valoir du pouvoir. De l’autre côté, en tirant à boulets rouges sur le président de la République et sa politique, il risque de mettre un terme à l’état de grâce dont il bénéficie de la part du pouvoir. Comme l’autre ni les mammifères ni les oiseaux n’acceptent, il risque de se retrouver dans un état de solitude synonyme d’un déclin politique.
Pierre MATCHOUDO