Soutenance de Thèse de Doctorat à l’Université d’Abomey-Calavi : Mention très honorable  avec félicitation du jury pour Elokou Alabi

 Soutenance de Thèse de Doctorat à l’Université d’Abomey-Calavi : Mention très honorable  avec félicitation du jury pour Elokou Alabi

Le mercredi 25 juin 2025, à l’Université d’Abomey-Calavi, Elokou Alabi a soutenu avec succès sa thèse de doctorat sur un sujet crucial pour la santé publique en Afrique : « Génétique des populations des principaux bulins du Bénin et leur rôle dans la dynamique de la transmission de la bilharziose par les schistosomes ». Ce travail, salué par un jury international, apporte des éclairages inédits sur les mollusques vecteurs de la schistosomiase, une maladie parasitaire affectant des millions de personnes. 

Les mollusques du genre Bulinus sont des hôtes intermédiaires essentiels dans le cycle de transmission des schistosomes, responsables de la bilharziose urogénitale et hépatique. Pourtant, avant les recherches de Elokou Alabi, aucune étude approfondie n’avait exploré la diversité génétique de ces mollusques au Bénin. Cette lacune était d’autant plus problématique que la structure génétique des populations de Bulinus influence directement l’efficacité des parasites qu’ils hébergent et, par conséquent, la propagation de la maladie. 

Grâce à une méthodologie rigoureuse combinant l’analyse des gènes mitochondriaux (COX1) et nucléaires (SSU), ainsi que des techniques de PCR-RFLP, cette thèse a révélé une diversité génétique insoupçonnée parmi les Bulinus collectés dans différentes zones du Bénin. Ces variations intra-spécifiques suggèrent que les populations de mollusques pourraient être structurées en sous-groupes aux sensibilités variables face aux schistosomes. Une telle découverte ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes d’adaptation des parasites et pourrait expliquer les différences régionales dans l’incidence de la bilharziose. 

Des implications concrètes pour la lutte contre la schistosomiase 

Les résultats de cette thèse ne se limitent pas à un apport académique. Ils offrent des pistes pratiques pour optimiser les stratégies de contrôle de la schistosomiase. En identifiant des lignées génétiques de Bulinus potentiellement plus compétentes pour transmettre les parasites, les autorités sanitaires pourraient cibler prioritairement les zones où ces variants sont présents. De plus, cette connaissance permet d’anticiper les risques d’émergence de souches parasitaires résistantes, un enjeu majeur dans un contexte où les traitements actuels (comme le praziquantel) restent limités. 

Le jury, composé d’éminents spécialistes africains en biochimie, génétique et microbiologie, a unanimement félicité Elokou Alabi pour la qualité de ses travaux, lui décernant la mention Très Honorable avec félicitations. Parmi les membres figuraient le Pr Nicodème Chabi (UAC, Bénin), le Pr Aly SA Vadogo (Burkina Faso), le Pr Nafan Diarrassouba (Côte d’Ivoire), et les co-directeurs Michel Sezonlin et Lamine S. Baba-Moussa, dont les expertises ont guidé cette recherche novatrice. 

Vers des interventions ciblées et adaptées 

Cette thèse pose les fondations d’une approche plus précise de la lutte contre la bilharziose, en soulignant l’importance d’intégrer la génétique des hôtes intermédiaires dans les programmes de santé publique. Les prochaines étapes consisteront à étendre ces analyses à d’autres régions d’Afrique et à croiser les données génétiques avec des paramètres épidémiologiques (prévalence humaine, facteurs environnementaux).  En conclusion, le travail de Elokou Alabi illustre comment la recherche fondamentale peut éclairer des solutions tangibles pour les maladies tropicales négligées. Son étude rappelle que chaque maillon de la chaîne de transmission  même un petit mollusque mérite attention, car c’est souvent dans son génome que se cachent les clés pour briser le cycle des infections. 

Damien TOLOMISSI

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